• Langue : Français
• Discipline : Changement social. Ethnologie
• Identifiant : 2006LIL12010
• Type de thèse : Doctorat
• Date de soutenance : 01/01/2006

Résumé en langue originale

L'entreprise Michelin a édifié un mythe local qui permet de légitimer un ensemble de valeurs à a base d'un esprit maison, afin de justifier sa politique entrepreneuriale et fidéliser son personnel. Articulé autour de la figure du père, du secret, de l'ascétisme et de la religion catholique, l'esprit Michelin est transmis aux salariés et Clermontois par les discours des dirigeants et les écrits internes à l'entreprise qui en exposent les valeurs; l'éducation scolaire, religieuse et physique; l'organisation et les pratiques d'espace; et le regard paternel à la fois bienveillant et reconnaissant. Les salariés ont adhéré à cet esprit parce qu'il a été à l'origine d'un cadre identitaire structurant avec l'assurance d'une protection et d'une sécurité sociale. La fin du paternalisme et la série de dix plans sociaux qui a réduit les effectifs des usines Clermontoises de plus de la moitié (le nombre de salariés passant de 30000 à 14000) ont participé à la récente désacralisation du mythe Michelin. Le processus est nourri par les ouvriers désormais en demande de reconnaissance, victimes d'un sentiment d'abandon, de trahison et de mépris du père à leur égard, lequel porte désormais son regard sur d'autres continents et sur ceux qui constituent le nouveau moteur industriel pour ses usines clermontoises: les cadres, dont la proportion est aujourd'hui supérieure à celle des ouvriers. De la même manière que la manufacture avait configuré la ville avec le paternalisme en direction des ouvriers, elle développe depuis peu, en partenariat avec la mairie, un urbanisme séduisant en direction des cadres venus du monde entier. Etrangers à l'histoire locale et garants d'un nouvel esprit du capitalisme représenté par le nouveau patron, ils adhérent à la construction d'un mythe de portée nationale, voire internationale.