Les initiatives solidaires alimentaires : une entreprise située d’imposition d’une culture légitime, le « bien manger »
- Accessibilité alimentaire ; engagement associatif ; entrepreneurs intentionnels ; « bien manger » ; initiatives solidaires ; système agroalimentaire industrialisé ; AMAP
- Langue : Français
- Identifiant : ULIL_DMSP_2024_047
- Faculté/Ecole : Droit
- Date de soutenance : 28/05/2024
- Type de mémoire : Mémoire de Master
- Discipline : Science Politique
- Parcours : Métiers de la recherche en science politique (MRSP)
Résumé
Penser l’alimentation par le prisme de l’écologie et de la justice sociale n’est pas à la portée de tous. La question du « bien manger », c’est-à-dire consommer des produits locaux et issus de l’agriculture biologique tout en rémunérant justement les producteurs, est une entreprise située qui appartient à une classe socio-économique et culturelle particulière. En d'autres termes, elle est le fait d’individus issus de la classe moyenne, souvent cadres ou professions intermédiaires, disposant d’un capital culturel institutionnalisé acquis par leur parcours scolaire et leurs diplômes, ainsi que des valeurs écologiques issues de leur socialisation, qui ont conduit à leur engagement associatif. À l’ère de la consommation de masse et d’un système agroalimentaire industrialisé, on constate une hausse des maladies liées à la malnutrition et à l’utilisation de produits phytosanitaires, une accélération du dérèglement climatique et une augmentation du gaspillage alimentaire. De plus, la crise de la Covid-19 a révélé une nouvelle paupérisation, entraînant l’engorgement des associations d’aide alimentaire d’urgence, telles que la Croix-Rouge, les Restos du Coeur, la Banque Alimentaire et bien d’autres encore. Ces individus, dans une démarche individuelle, ont mis en place des initiatives solidaires pour partager un mode de consommation et des valeurs écologiques et solidaires. Ils deviennent ainsi des entrepreneurs institutionnels, voulant imposer, de manière légitime, leur culture du « bien manger ». Cela passe par la distribution de denrées alimentaires brutes, locales, biologiques et justement rémunératrices pour les producteurs, mais aussi par la mise en place d’ateliers de sensibilisation et d’information autour de l’alimentation. Cette enquête se concentre sur trois projets : l’AMAP du Quercitain (à Le Quesnoy, dans l’Avesnois) qui en est au stade de réflexions, l’AMAP du Pichou et l’AMAP’ZULE (à Amance et Champenoux, en Meurthe-et-Moselle) qui co-construisent une expérimentation, et le dispositif P.A.N.I.E.R.S., un projet régional mis en place dans les Hauts-de-France par Bio en Hauts-de-France, le Réseau des AMAP Hauts-de-France et les Jardins de Cocagne. Bien que cette vision de l’aide alimentaire puisse paraître utopique, voire déconnectée de la réalité, elle existe et fonctionne malgré de multiples obstacles d’ordre financier, socio-culturel ou institutionnel. En conclusion, cette étude met en lumière l’importance de repenser notre système alimentaire à travers des initiatives locales et solidaires, soulignant le rôle crucial de l’engagement citoyen et associatif dans la promotion d’une alimentation plus juste et durable.
AUTEUR
- Buée, Clara