Résister par l'assiette : le cas du siège de Sarajevo (1992-1996)
- Bosnie-Herzégovine ; Sarajevo ; Aide humanitaire ; Siège ; Malnutrition
- Bosnia-Herzegovina ; Food ; Solidarity ; Sarajevo ; Humanitarian aid ; Lack ; Malnourishment
- Langue : Français
- Identifiant : ULIL_MSPL_2024_026
- Faculté/Ecole : Sciences Po Lille
- Date de soutenance : 22/05/2024
- Type de mémoire : Mémoire de Master
- Discipline : SPL - Boire, Manger, Vivre (BMV)
Résumé
La guerre de Bosnie (1992-1995) s’inscrit dans la lignée des conflits qui ont déchiré l’ex-Yougoslavie dans les années 1990. La ville de Sarajevo, capitale du pays, en fut l’un des emblèmes. Elle fut assiégée pendant presque quatre ans, d’avril 1992 à février 1996. Les habitant·es vivaient sous la menace constante des bombardements et des snipers ; et étaient confronté·es à des violences symboliques qui portaient atteinte à leur dignité et à leur intégrité psychologique. La question de l’alimentation cristallisait cette violence multiforme. En privant la ville d’un approvisionnement adéquat, les belligérant·e.s transformèrent la nourriture en arme de guerre. Coupée de l’extérieur, la ville était tributaire de l’aide humanitaire. Malgré les efforts mis en oeuvre, l’aide alimentaire apportée ne parvenait pas à nourrir correctement l’ensemble de la population. Si l’alimentation fut instrumentalisée à des fins guerrières, elle servit paradoxalement de support à la création de nouveaux réseaux de solidarité. La nourriture, par sa préparation, sa consommation et autres applications, devint un symbole du désir de résilience et de résistance des Sarajévien·nes. Objets et espaces domestiques furent donc recomposés autour d’un nouveau quotidien marqué par le conflit, révélant l’ingéniosité des habitant·es. Au-delà d’une simple question de survie, la nourriture permit l’affirmation de la culture et de l’identité de la ville.
Résumé traduit
The Bosnian War (1992-1995) was one of the conflicts that tore the former Yugoslavia apart in the 1990s. The city of Sarajevo, the country's capital, was one of its emblems. It was under siege for almost four years, from April 1992 to February 1996. Inhabitants lived under the constant threat of bombardment and snipers, and beyond these physical manifestations were victims of symbolic violence and dignity violations. The question of food crystallized this multifaceted violence. By depriving the city of adequate supplies, the belligerents turned food into a weapon of war. Cut off from the outside world, the city was dependent on humanitarian aid. Despite all the efforts made, the food aid provided was unable to adequately feed the entire population. While food was used as a tool of war, it paradoxically served as a pretext for the creation of new solidarity networks. Food, through its preparation, consumption and other applications, became a symbol of the Sarajevans' desire for resilience and resistance. Objects and domestic spaces were thus recomposed around a new daily life marked by conflict, revealing the ingenuity of the inhabitants. More than just a question of survival, food was a means of affirming the city's culture and identity.
AUTEUR
- Leo, Charlotte