• Langue : Français
• Identifiant : ULIL_MSPL_2023_016
• Faculté/Ecole : Sciences Po Lille
• Date de soutenance : 30/06/2023
• Type de mémoire : Mémoire de Master
• Discipline : SPL - Sociétés Numériques (SN)

Résumé

Depuis plusieurs décennies, le fantôme du grand remplacement technologique est agité. Cette perspective apparait tantôt comme le parachèvement d’un monde libéré de la contrainte et de l’effort, tantôt comme sonnant le glas de l’humanité. En réalité, le travail n’est pas simplement remplacé, il est déqualifié, invisibilisé et se diffuse désormais dans la quotidienneté. La révolution numérique se place au cœur de cette tendance historique en ce qu’elle a fait naître un nouvel espace de production et de circulation de la valeur. Au sein de cette sphère, la plateforme est devenue le principal agent de mise au travail de l’usager. Le digital labor s’est autant construit comme théorie analytique visant à mettre en lumière les nouvelles formes d’exploitation propres au capitalisme de plateforme que comme théorie normative visant l’émancipation des « prolétaires du numérique ». L’économie collaborative se présente comme une alternative face à la prédation du capitalisme de plateforme. Les plateformes collaboratives rejettent ainsi les rapports marchands impersonnels et entendent produire avant tout du lien social et des communs. L’exemple de la plateforme française BlaBlaCar, figure de proue de l’économie collaborative, semble pourtant contredire ce positionnement. Derrière le voile du collaboratif se maintiennent les logiques historiques de mise au travail. Les usagers, devenus travailleurs malgré eux, ne semblent pas pour autant identifier clairement la nature de leur activité, d’où la nécessité de repenser les perspectives d’émancipation de cette nouvelle classe.