Titre original :

"Au lieu de" : pour une émancipation spatiale

Mots-clés libres :
  • Emancipation spatiale ; Géographie ; Anarchisme ; Elisée Reclus
  • Langue : Français
  • Identifiant : ULIL_MSPL_2023_015
  • Faculté/Ecole : Sciences Po Lille
  • Date de soutenance : 01/06/2023
  • Type de mémoire : Mémoire de Master
  • Discipline : SPL - Philosophie Politique et Économique (PPE)

Résumé

qu’elle s’oppose à toute doctrine gouvernementale, et particulièrement à sa forme généralisée par l’entité « État », la théorie critique anarchiste dénonce une organisation sociale fondée sur l’autorité, la domination, la centralisation du pouvoir et la légitimation de la violence au profit de quelques-uns. L’étude porte sur la capacité effective que possède la géographie anarchiste en tant qu’outil d’analyse critique des métaphysiques politiques modernes (hobbesienne et malthusienne, mais aussi du darwinisme social et du néolibéralisme) et du discours écologique, qui établissent une bipartition entre l’homme et la nature sous couvert de laquelle s’exerce une domination et une aliénation (à travers le déterminisme, l’autoritarisme, le catastrophisme et toutes autres idéologies d’un futur inéluctable). Depuis la révolution moderniste, l’espace n’est plus que matière fixe ou vide. Il est un principe négatif : une matérialité pure, une nécessité absolue, une altérité totale de la pensée. Face à ce néant, l’individu n’a d’autre choix que de s’affirmer en le niant à son tour pour construire un sens. Se faisant « maître et possesseur de la nature », l’individu est aussi saisi d’angoisse (étymologiquement « angura » se rapporte à une sensation physique d’étroitesse topographique). La science du milieu – « la mésologie » – développée par les géographes libertaires du XIXème (Reclus, Kropotkine, Metchnikoff et complétée par Simon Springer, Murray Bookchin et d’autres penseurs contemporains), permet de repenser la condition de l’homme au monde sur fond d’ontologie anarchiste. L’étude de l’espace à travers la géographie permet de considérer son caractère dynamique et processuel, inhérent à la vie et à la liberté. L’espace compris dans sa dimension dynamique, comme condition de possibilité de toute potentialité, fait prendre conscience de la simultanéité, de la multitude, de la différence inhérente à toute politique. Il structure le sens interne (du temps) et externe (de l’espace) de l’individu et de la société. L’art du politique est en ce sens, l’art du « partage du sensible » (selon Rancière), liant la question de l’espace à celle du politique et la question du milieu à celle de la question sociale, qui façonne la liberté et la condition de l’homme. Cette conception spatiale nourrit en retour une éthique anarchiste qui rend l’individu enclin à l’engagement, à l’émancipation, à l’entraide et à la liberté. À travers la théorie-pratique de l’action directe, la plasticité de l’anarchisme permet d’actualiser les multiples potentialités présentes en chaque lieu et en chaque individu. Si l’espace de potentialité est neutre, il s’agit de construire une éthique processuelle et de conduire (con-ducere, ‘mener ensemble’) une lutte pour la justice sociale en vue du bon usage du monde ; une question politique indéfiniment redéfinie puisqu’elle est intrinsèque aux milieux et aux vivants qui le peuplent. La géographie anarchiste cherche à faire émerger les possibles de l’espace et par l’espace, à partir d’une pensée de l’espace résolument émancipatrice.

  • Directeur(s) de mémoire : Habbard, Anne-Christine

AUTEUR

  • De Windt, Virgilia
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