Titre original :

Représentations savantes des maladies des plantes à l'époque moderne : Professionnalisation des sciences agricoles et de l'agronomie (France et États-Unis)

Mots-clés en français :
  • Représentation savantes Représentations paysannes

  • Plantes
  • Physiologie végétale
  • Agriculture
  • Agriculture
  • Agronomie
  • Agriculture et politique
  • États-Unis
  • Institut national de la recherche agronomique
  • Langue : Français
  • Discipline : Histoire et épistémologie des sciences et des techniques
  • Identifiant : Inconnu
  • Type de mémoire : Habilitation à diriger des recherches
  • Date de soutenance : 01/01/2011

Résumé en langue originale

Première partie : Théophraste et Aristote inspirent, au début de l’époque moderne (avant 1650), la représentation savante de la maladie des plantes. Celle-ci est perçue soit comme les effets du dépôt d’une rosée (théorie de la double exhalaison) soit comme une modification de la forme due à l’insuffisance du principe formatif relativement aux effets de la matière et des circonstances externes (théorie de la forme et de la matière). La théorie de la forme explique la continuité de celle-ci à travers les générations mais aussi la possibilité d’un changement, tel du froment devenant de l’ivraie. Des modifications sont apportées par plusieurs auteurs, comme Julius Scalger (fin 16e) ou Guy de la Brosse (début 17e). Aux 16e et 17e siècles, les histoires naturelles présentent une plante à part, aux cotés des autres graminées, l’ustilago (pour nous graminée malade de charbon ou de carie), comme le résultat d’une modification de forme. Galilée propose un modèle qui rompt avec l’Antiquité. Il s’appuie, comme pour son approche du mouvement selon le lieu, sur une géométrisation des phénomènes observés utilisant le modèle de la sphère ardente. Mais c’est surtout l’évolution de la météorologie et de la physiologie sous l’influence croissante de la chimie, et l’émergence des nouvelles théories de la génération, au 17e puis au 18e siècle, que la rupture avec l’aristotélisme a lieu, permettant de nouveaux modèles. Les maladies sont ainsi présentées comme le résultat de l’agressivité de substances acides de certaines intempéries, ou de dysfonctionnement interne de la plante ou dans ses échanges avec l’extérieur. Les représentations paysannes sont prises en considération dans le cadre des Lumières au 18e siècle. Finalement, nous terminons cette partie par l’identification de nouveaux modèles, qui n’accusent principale et premièrement, ni les intempéries, ni une anomalie interne, mais un agent externe : les modèles chimiques où il s’agit d’un ferment, les modèles animalculistes, d’un petit animal, finalement les modèles victorieux, les cryptogamistes où il s’agit d’un champignon parasite microscopique. Finalement les modèles chimiques qui accusent des substances dans l’atmosphère sont recyclés dans les modèles expliquant les effets nocifs des usines. Tous ces éléments nous amènent à quelques réflexions sur la multiplicité et la complexité des chaînes de causalité permettant de rendre compte de l’évolution des représentations savantes et de l’émergence de la « nouveauté » Seconde partie : Au 18e siècle, émerge un nouveau type de savant, le physicien agriculteur, dans le cadre des Lumières, sous l’effet de plusieurs influences, empirisme, utilitarisme, physiocratie, écoute des savoirs des gens de métiers, et dans le cadre du développement de l’alphabétisation. Ces savants s’organisent par la création de sociétés d’agriculture, dans la plupart des pays d’Europe puis d’Amérique ; sociétés présentant plusieurs points communs et constituant un réseau international, diffusant dans les campagnes, les valeurs du siècle. Des débats ont lieu sur ce que devrait être une science de l’agriculture. Au 19e siècle, ce nouveau champ des sciences agricoles s’institutionnalise mais de manière sensiblement différente, selon les pays. En France, ce champ se construit d’une manière autonome constituant ses propres écoles supérieures, ses propres stations et laboratoires de recherches avant l’établissement de l’Institut des recherches agronomiques (Ira) après la première guerre mondiale, puis de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) après la seconde guerre mondiale. Aux États-Unis, un autre processus a constitué l’USDA Land-Grant system. Plusieurs décisions législatives fédérales (Acts) y ont favorisé dans les années 1870, l’installation de collèges agricoles qui furent les embryons des universités. Origine de ces dernières, les sciences agricoles vont demeurer étroitement imbriquées avec elles. Les stations expérimentales agricoles seront rattachées à l’université lors de leur création. Le département américain de l’agriculture (USDA) est créé pour coiffer et organiser l’ensemble des stations regroupées en grande division. Nous nous sommes particulièrement intéressés à l’histoire de l’Ira et à celle de l’Inra, aux nombreux projets depuis le 19e siècle dont ils sont issus. Notre étude confirme l’ambiguïté du discours agrarianiste des milieux politiques et agricoles vis-à-vis de la modernisation et de la science, et montre la victoire du discours moderniste non pas à la libération et pendant les 30 glorieuses, mais dès Vichy, contre le discours de la libération nationale de Pétain. Pendant la guerre émergent ainsi les hommes et les décisions qui amènent la création de l’Inra, en 1946. Nous avons découpé l’histoire de l’Inra en deux périodes définissant deux Inra : l’organisme de recherche de l’agriculture (jusque dans les années 1970), la partie agricole et agro-industrielle d’un réseau de recherche-développement (depuis les années 1980). Ces travaux montrent la disparité mais aussi plusieurs points communs entre pays, comme le fait que la professionnalisation, largement déterminée partout par la situation politique et économique, est accompagnée grosso modo des mêmes périodes de déclins et de progrès.

  • Directeur(s) de thèse : Morange, Michel

AUTEUR

  • Denis, Gilles
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