• Langue : Français
• Discipline : Sciences économiques
• Identifiant : Inconnu
• Type de mémoire : Habilitation à diriger des recherches
• Date de soutenance : 01/01/2012

Résumé en langue originale

Mes travaux se présentent sous la double désignation d’histoire de la pensée économique et de philosophie économique, centrés sur des économistes de langue allemande. Il s’agit de recherches en histoire de la pensée économique qui s’articulent en réflexions épistémologiques visant à déterminer la forme de la connaissance propre à l’économie, et en réflexions thématiques qui dessinent les contours d’une philosophie économique d’orientation pratique, sous inspiration aristotélicienne. L’inscription dans l’histoire de la pensée vise à renouer les fils de la tradition économique pratique, qui n’a jamais été défintivement rompue dans l’espace culturel de langue allemande, et dont je suis les traces chez les auteurs de l’école historique jusqu’à Max Weber, mais aussi au sein de l’école autrichienne, en particulier dans la pensée de son fondateur, Carl Menger. L’originalité de mes travaux est de m’intéresser sous une perspective particulière, celle de la philosophie économique pratique, à des auteurs peu connus qui ont pourtant exercé une grande influence dans la pensée économique. Les thèmes abordés – le travail, la consommation, la pauvreté – constituent les temps forts de cette philosophie économique et des moments obligés de toute théorie économique : la théorie des agents et des actes économiques fondamentaux que sont le travail et la consommation, la question de la justice à travers le problème de la pauvreté et des formes de l’assistance apportée aux pauvres. Dans mes travaux d’histoire de la pensée économique consacrés aux auteurs de langue allemande, je suis parvenu à dresser une cartographie et une évaluation de la tonalité aristotélicienne de cette pensée économique, ravivant ce qui était pertinent avec les objectifs d’une philosophie économique pratique. Mais j’ai aussi tracé les limites de cette référence pratique qui échoue sur la question des institutions de l’économie, de leur nature et fonction pour l’économie. Trop souvent la référence à la tradition pratique est absorbée dans une pensée sous inspiration pragmatiste, que l’on retrouve aujourd’hui encore présente dans les différentes versions de l’institutionnalisme. Cette insuffisante fermeté sur les principes pratiques est une invitation à dépasser l’approche pragmatique et à faire la critique de l’institutionnalisme, que je mène par ailleurs dans mes travaux. Les thèmes de cette philosophie économique ne sont pas enfermés dans l’histoire des idées. Ils sont l’occasion de prendre part aux grandes questions actuelles de la science économique : la question de l’évolution des formes du travail ; la question de la consommation soutenable ; la question de la persistance de figures de la pauvreté. Je montre sur toutes ces questions l’apport critique de la philosophie économique pratique qui révèle la philosophie économique sous-jacente à la théorie pure de l’économie néoclassique, mais aussi à la théorie institutionnaliste. Je romps avec la représentation courante d’une coupure entre la théorie et la philosophie, et au contraire hisse la pensée économique à l’étage de la philosophie économique. Les insuffisances de ces deux courants de pensée économique et de leur philosophie respective, sont systématiquement repérées et critiquées. Leur est opposée une conceptualisation qui renoue avec la tradition pratique relue au prisme de la philosophie du jugement de Kant. La légitimité de la philosophie économique est ainsi établie. L’attestent les nombreuses publications et revues dans ce domaine aujourd’hui reconnu au niveau académique.