• Langue : Français
• Discipline : Lettres et Sciences humaines. Sociologie
• Identifiant : Inconnu
• Type de mémoire : Habilitation à diriger des recherches
• Date de soutenance : 01/01/2006

Résumé en langue originale

Dans une troisième partie, nous élaborons un idéal-type du camp articulant deux séries d'opposition : répression/protection et relocation/transit. Nous faisons porter particulièrement notre attention sur les frontières internes et externes des espaces de mises ci l'écart et sur leur démultiplication. Puis, considérant la place du recours ;l l'internement en France dans le développement de l'institution policière durant le XXe siècle, nous utilisons la technique du camp comme un prisme de lecture des évolutions des Etats démocratiques en esquissant les bases d'une comparaison en la matière entre la France et les Etats-Unis d'Amérique. Dans une dernière partie, nous cherchons à établir des pistes d'une part pour une sociologie politique des publics internés et des mobilisations de survie déployées dans les situations de confinement et d'autre part pour l'étude des formes particulières de constitution et de recomposition des catégories par les pouvoirs publics en lien avec l'évolution et les réactions des populations internées. Nous nous interrogeons en conclusion sur les transformations actuelles de la forme camp susceptible de se dématérialiser en raison d'un double processus de banalisation, y compris dans les sociétés ouvertes, et d'intégration dans des dispositifs mobiles de gestion des flux de populations. Les camps, de réfugiés comme d'internement, ont acquis une nouvelle visibilité dans l'actualité mondiale. Cette HDR se propose d'étudier cet objet longtemps délaissé par les sciences sociales à l'exception des historiens. II s'agit tout d'abord d'évoquer les premiers travaux et publications de notre parcours de recherche en sociologie de l'immigration concernant les foyers de travailleurs migrants en les replaçant dans une perspective plus large : celle d'une sociologie du logement contraint qui, dans le cas français. permet d'analyser conjointement différentes formes de mises à l'écart sociales et spatiales comme les camps d'internement. les cantonnements et les casernements d'ouvriers et de soldats de l'Empire colonial. les centres d'accueil et d'hébergement de réfugiés et les centres de rétention des migrants. Pour parvenir à cet objectif, nous proposons dans un deuxième temps une définition de l'objet camp d'internement et une méthode, articulant sociologie urbaine et sociologie historique de l'Etat, pour l'étudier. Cette construction de l'objet a été élaborée à partir de analyse croisée d'un corpus de lieux de confinement en France métropolitaine et de monographies portant sur des camps de différentes périodes du XXe siècle. Après avoir montré révolution des significations du terme et les polémiques à propos de son usage, nous définissons le camp d'internement comme une institution latente, d'exception, empirique et totale.