• Langue : Français
• Discipline : Sciences économiques
• Identifiant : Inconnu
• Type de mémoire : Habilitation à diriger des recherches
• Date de soutenance : 01/01/2011

Résumé en langue originale

Depuis les travaux de Grossman et Helpman dans les années 1990, les théories du commerce international se sont en large partie orientées vers la protection endogène, qui met l’action des groupes de pression (ou lobbies) au centre de la réflexion. On considère en général dans la littérature sur le soutien politique que tout ce qui est endogène provient des lobbies (c'est-à-dire des groupes d’intérêt organisés ayant surmonté les difficultés liées à l’action collective). A contrario, l’hypothèse originale de départ des travaux présentés ici est qu’une politique est endogène dès lors qu’elle est guidée par une préoccupation de soutien politique. Interviennent alors dans l’analyse non seulement les gouvernements et les groupes de pression, mais aussi les groupes d’intérêt (groupes non organisés) et les électeurs. Les travaux menés étendent le concept d’endogénéité aux politiques économiques au sens large en opérant un distinguo entre politiques « sectorielles » et politiques « globales ». La différence entre les politiques globales et sectorielles recoupe le plus souvent celle entre les grands groupes et les petits groupes qui motivent ces politiques : les politiques sectorielles endogènes sont impulsées par de petits groupes actifs (groupes de pression), tandis que les politiques globales endogènes sont guidées par le poids électoral des groupes qui en bénéficient (groupes d’intérêt). Les lobbies réclament par nature des politiques qui leur soient favorables ; ces politiques sont donc forcément sectorielles. En revanche une politique économique endogène globale est non sectorielle et est influencée par les groupes d’intérêt qui sont le plus souvent des grands groupes. Les politiques globales (i) et sectorielles (ii) sont étudiées successivement, de façon théorique ou appliquée.(i) Les politiques globales, façonnées par les groupes d’intérêts, sont d’abord présentées à partir du cadre d’analyse de Peltzman (en distinguant perdants et gagnants des réformes économiques). Sont ensuite développées des analyses théoriques et appliquées du soutien politique lié à l’inflation, puis une analyse du choix monétaire s’offrant au territoire de la Nouvelle-Calédonie (passage à l’euro ou non), ainsi que les perspectives de réforme fiscale de ce territoire ultramarin. (ii) Les politiques sectorielles (groupes de pression) sont analysées à travers le prisme de la compétition électorale. Une approche théorique visant à répondre aux différents points faibles inhérents à la littérature de type « nouvelle économie politique » est présentée. Elle intègre un électorat hétérogène et des lobbies partiellement endogènes et considère tant le côté de l'offre que le côté de la demande de politiques, ainsi qu'une disjonction entre les promesses des candidats et leurs réalisations (mensonge politique). L’analyse permet de formaliser les conditions dans lesquelles des hommes politiques peuvent renier leurs engagements, exposant les raisons fondamentales des reniements ainsi que leurs conséquences. La tromperie et son coût sont déterminés de façon endogène. Le rôle des électeurs informés est mis en évidence, notamment en cela qu’il peut amener les hommes politiques trop proches des lobbies à subir un contrecoup électoral, annulant l’effet de la proximité sur les contributions reçues. Après ces développements théoriques, sont présentées des analyses appliquées à la Nouvelle-Calédonie, notamment en termes de protection endogène. Enfin, une analyse de la politique calédonienne destinée aux investissements directs étrangers est mise en perspective. Il est montré que, dans l’histoire récente, cette politique très favorable aux FMN a joué un rôle important dans une alternance politique majeure, illustrant ainsi la problématique précitée du rôle des électeurs informés et des forces de rappel démocratiques qu’ils constituent.La conclusion du travail insiste sur les pistes de recherche, avec notamment application de l’approche théorique précédemment développée à la question de l’intégration régionale dans le Pacifique : les territoires français doivent-ils entrer ou non dans les accords de libre échange PICTA et PACER?