Titre original :

Evidenzialità e interazione in italiano

Titre traduit :

Evidentialité et interaction en italien

Mots-clés en français :
  • Evidentialité
  • Italien parlé
  • Grammaire en interaction

  • Évidentialité
  • Italien (langue)
  • Italien (langue)
Mots-clés en anglais :
  • Evidentiality
  • Spoken Italian
  • Grammar in interaction

  • Langue : Français
  • Discipline : Sciences du langage
  • Identifiant : 2025ULILH020
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 06/10/2025

Résumé en langue originale

Cette thèse de doctorat examine l'évidentialité dans l'italien parlé d'une perspective fonctionnelle et interactionnelle. Elle se concentre sur la manière dont les caractéristiques de l'interaction verbale, en particulier la séquentialité, la temporalité et l'intersubjectivité, façonnent et se reflètent dans la production de l'évidentialité. L'étude empirique repose sur 22 heures de conversations enregistrées en vidéo et audio, comprenant 6 heures de conversations à table issues du corpus TIGR (projet FNS n° 192_771) et 16 heures de conversations spontanées du corpus KIParla. Elle combine l'analyse d'une collection de séquences selon la méthode inductive, qualitative et micro-analytique de l'Analyse de la Conversation avec une annotation onomasiologique et une analyse quantitative d'un échantillon de données. La référence aux sources d'information d'un contenu propositionnel p (par exemple, l'expérience directe, le ouï-dire, l'inférence) est au cœur de la catégorie linguistique de l'évidentialité, grammaticalisée dans certaines langues mais pas en italien. Dépassant la distinction entre évidentialité grammaticale et lexicale, sur la base des données interactionnelles, nous déplaçons le domaine d'observation vers le discours : à un premier niveau, nous soutenons que, parallèlement aux relations morphologiques et syntaxiques, les relations textuelles (comme l'argumentation) et la co-articulation prosodique et gestuelle donnent lieu à des constructions évidentielles ; à un second niveau, nous analysons les séquences où les participants négocient leur positionnement épistémique sur p à travers différentes actions et constructions évidentielles. En nous appuyant sur le paradigme de la linguistique interactionnelle, nous montrons ensuite que ces constructions possèdent une temporalité intrinsèque, émergeant moment après moment lors de la production des tours de parole et des séquences. Nous désignons ce phénomène comme la « co-construction incrémentale de l'évidentialité ». Les analyses se consacrent aux pratiques spécifiques par lesquelles la référence aux sources d'information est réalisée en interaction, en distinguant les constructions réalisées dans la première action sur p (immédiates) de celles qui émergent en plusieurs phases - dans des tours multi-unités, des rétractions et extensions de tours, des actions ultérieures sur p, après les réactions des co-participants, ou dans les tours des co- participants (incrémentales et collaboratives). L'annotation d'environ mille constructions évidentielles confirme la prédominance des pratiques incrémentales et collaboratives. Aux niveaux sémantique et pragmatique, ces pratiques modulent le degré de spécificité, d'accessibilité et d'explicitation de la référence aux sources d'information, renforcent ou atténuent stratégiquement le positionnement épistémique du locuteur, rétablissent l'alignement sur les attentes séquentielles et recherchent l'affiliation des participants. Globalement, cette recherche élabore un modèle de la grammaire, de la sémantique et de la pragmatique de l'évidentialité, ancré dans les unités séquentielles de l'interaction parlée et dans la coopération entre les participants. D'un point de vue théorique, elle établit un pont entre la recherche sur l'évidentialité et la linguistique interactionnelle, démontrant le fondement de la catégorie linguistique dans l'interaction sociale. Pour l'italien, elle fournit l'inventaire empirique le plus complet des constructions évidentielles dans un corpus de langue parlée. D'un point de vue méthodologique, elle démontre la complémentarité des approches qualitatives et quantitatives dans l'analyse de l'interaction verbale et propose une annotation originale des phénomènes d'incrémentalité.

Résumé traduit

This doctoral dissertation investigates evidentiality in spoken Italian from a functional and interactional perspective. It focuses on how the features of talk-in- interaction, particularly sequentiality, temporality, and intersubjectivity, shape and are reflected in the production of evidentiality. The empirical investigation is based on 22 hours of video- and audio-recorded conversations, including 6 hours of dinner table conversations from the TIGR corpus (SNSF project no. 192_771) and 16 hours of spontaneous conversations from the KIParla corpus. It combines the analysis of a collection of sequences using the inductive, qualitative, and micro-analytic method of Conversation Analysis with onomasiological annotation and quantitative analysis of a data sample. The reference to the sources of information for a propositional content p (e.g., direct experience, hearsay, inference) is central to the linguistic category of evidentiality, which is grammatically encoded in some languages but not in Italian. Moving beyond the distinction between grammatical and lexical evidentiality, based on interactional data, we shift the domain of investigation to discourse: on one hand, we argue that, alongside morphological and syntactic relations, textual relations (such as argumentation) and prosodic and gestural co-articulation give rise to evidential constructions; on the other hand, we analyze sequences where participants negotiate their epistemic positioning on p through various actions and evidential constructions. Drawing on the paradigm of Interactional Linguistics, we then show that these constructions have an inherent temporality, emerging moment by moment during the production of turns and sequences. We refer to this phenomenon as the “incremental co-construction of evidentiality” . The analyses focus on the specific practices through which reference to information sources is accomplished in interaction, distinguishing between constructions realized within the first action on p (immediate) and those that emerge over multiplephases—in multi-unit turns, retractions and extensions of turns, subsequent actions on p, after co-participant reactions, or in co-participant turns (incremental and collaborative). The annotation of approximately one thousand evidential constructions confirms the predominance of incremental and collaborative practices. At the semantic and pragmatic levels, these practices modulate the degree of specificity, accessibility, and explicitness of the reference to information sources, strategically strengthen or weaken the speaker's epistemic positioning, restore alignment on the sequential order, and seek participants' affiliation. Overall, this research develops a model of the grammar, semantics, and pragmatics of evidentiality anchored in the sequential units of spoken interaction and in the cooperation among participants. From a theoretical perspective, it bridges research on evidentiality and Interactional Linguistics, demonstrating the foundation of a linguistic category in social interaction. For Italian, it provides the most extensive empirical survey of evidential constructions in spoken corpora. From a methodological perspective, it demonstrates the complementarity of qualitative and quantitative approaches in analyzing talk-in-interaction and proposes an original annotation of incremental phenomena.

  • Directeur(s) de thèse : Pietrandrea, Paola - Miecznikowski, Johanna
  • Président de jury : Visconti, Luca M.
  • Rapporteur(s) : Squartini, Mario - Brunetti, Lisa
  • Laboratoire : Savoirs, textes, langage (Villeneuve d'Ascq, Nord)
  • École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société

AUTEUR

  • Battaglia, Elena