• Langue : Français
• Discipline : Histoire, civilisations, archéologie et art des mondes anciens et médiévaux
• Identifiant : 2024ULILH049
• Type de thèse : Doctorat
• Date de soutenance : 14/12/2024

Résumé en langue originale

Garants de la propreté en contact permanent avec la saleté, les blanchisseurs occupaient une position équivoque dans l'imaginaire des anciens Égyptiens : peu enviable d'après la Satire des métiers, elle pouvait être source de joie et d'allégresse d'après la poésie amoureuse. L'étude vise la définition la plus précise possible de ces professionnels à travers différentes approches. D'abord, l'examen du vocabulaire égyptien depuis les plus anciennes attestations à l'Ancien Empire jusqu'aux exemples plus récents de la fin de la Période ptolémaïque, tant en hiéroglyphe qu'en hiératique et en démotique, permet de mettre en valeur l'évolution du terme principal qui permettait de désigner ces travailleurs, le titre de rekhty (rḫty). D'un idéogramme complexe figurant un homme lavant un tissu, en passant par deux oiseaux, résumés progressivement à leur tête jusqu'à ne plus ressembler qu'à deux cornes, l'écriture de ce substantif permet de suivre la simplification progressive et la rapidité du geste des scribes. Une fois établi l'ensemble du vocabulaire étudié et présenté la répartition spatio-temporelle des occurrences conservées, la recherche vise ensuite à déterminer le plus concrètement possible les différentes tâches dont ces professionnels étaient chargés à travers une présentation de la chaîne opératoire de l'entretien du linge. Examinant les sources iconographiques, la discussion analyse chacune des étapes depuis la livraison du linge jusqu'à son retour. Si lavage, essorage et séchage paraissent aisément compréhensibles, plusieurs actions complémentaires sont plus difficiles à appréhender et soulèvent des problèmes d'interprétation qui pourraient être liés à une activité tinctoriale. Un chapitre vient compléter cette réflexion en revenant sur les moyens matériels dont disposaient les blanchisseurs pour réaliser leurs opérations : textiles, outils et produits. La réflexion s'élargit ensuite en quittant le domaine du lavage à proprement parler pour mettre en perspective ces travailleurs dans le cadre général de l'Égypte ancienne. Différentes thématiques sont alors abordées parmi lesquelles celles des cadres administratifs pour lesquels ces hommes exerçaient leur métier, des considérations hiérarchiques, de l'organisation en équipe, du genre, de la temporalité de l'entretien du linge ou encore de la rétribution et des coûts de la profession. L'ensemble se conclut sur une ouverture autour des notions de saleté et de propreté des textiles. Les blanchisseurs s'arrêtent ainsi aux portes du temenos, avant que l'étoffe ne soit transmise aux mains des prêtres et n'intègre un univers dans lequel elle dépasse sa propre matérialité pour devenir l'un des instruments de l'établissement de la pureté rituelle.

Résumé traduit

Protectors of cleanliness in permanent contact with dirt, the washermen were in a somewhat ambiguous position in the Ancient Egyptians' minds: undesirable, according to the Satire of the Trades, but delightful according to love songs. This study aims at defining these professionals as precisely as possible through various approaches. Firstly, an investigation of Egyptian vocabulary, from the earliest attestations of the Old Kingdom to the more recent examples of the Ptolemaic Period, in hieroglyphic, hieratic and demotic, highlights the evolution of the main term used to designate these workers, the title of rekhty (rḫty). From a complex ideogram depicting a man washing a cloth, to two birds, gradually reduced to their head until they resemble no more than two horns, the writing of this noun allows us to follow the gradual simplification and rapidity of the scribes' gestures. Following the study of the vocabulary and a presentation of the spatial and temporal distribution of the occurrences preserved, the research continues with a second chapter aiming at determining as concretely as possible the various tasks these professionals were responsible for, through a presentation of the “chaîne opératoire” of laundry care. Using iconographic sources, each of the stages, from the delivery of the linen to its return, is discussed. While washing, wringing out and drying are easy to understand, several complementary actions are more difficult to grasp and subject to different interpretations maybe linked with dyeing practice. Another chapter completes this overview by looking at the material resources available to the launderers to carry out their operations: textiles, tools and products. The discussion then expands, leaving the field of washing to put these workers into more perspective by considering them in the broader frame of ancient Egypt. Various topics are then addressed, including the administrative frameworks in which these workers were employed, hierarchical considerations, team organization, gender issue, difficulties related to the temporality of linen care, and question of the remuneration and costs of this profession. The work ends with a discussion about dirtiness and cleanliness of textiles. The launderers thus stop at the gates of the temenos, before the linen is handed over to the priests and enters a world in which it transcends its own materiality to become one of the instruments used to establish ritual purity.