• Langue : Français
• Discipline : Sciences de l'information et de la communication
• Identifiant : 2024ULILH038
• Type de thèse : Doctorat
• Date de soutenance : 22/11/2024

Résumé en langue originale

Au Gabon comme au Cameroun, on assiste de plus en plus à une désaffection des organisations partisanes par les citoyens moins enclins à s'engager dans le cadre politique institutionnel. Toutefois, cette désaffection des partis politiques ne peut s'expliquer par un désintérêt de la vie politique de la part de ces citoyens, d'autant plus qu'ils optent pour d'autres formes d'engagement politique. Ainsi, plutôt que de parler de désintérêt, il est plus pertinent d'expliquer cette situation par une mutation de l'engagement politique qui se déploie désormais dans d'autres espaces, notamment les espaces en ligne qui autorisent parfois une prise de parole classée loin des critères de recevabilité dans l'espace public officiel. Par conséquent, ces espaces qui attirent davantage les Gabonais et Camerounais, se donnent à voir comme une nouvelle menace pour ces formations politiques déjà en pleine crise de légitimité. Pour se repositionner dans ce contexte de transformation de la sphère publique, elles ont également investi le numérique qui leur offre les opportunités stratégiques dans des pays où l'espace médiatique est de surcroît sous contrôle des acteurs au pouvoir. Dans une approche comparative qui vise à élargir la compréhension de ce phénomène d'appropriation du numérique par ces partis, il est donc question de voir dans cette thèse comment les partis politiques font usage du numérique pour qu'émergent de nouvelles pratiques de communication politique afin de mieux s'insérer dans la compétition politique déjà dominée par le PDG et le RDPC au pouvoir. Pour y parvenir, nous avons procédé à l'analyse de contenu de sites web et de pages Facebook officielles de cinq premiers partis représentés à l'Assemblée nationale au Gabon et au Cameroun, avant de réaliser les enquêtes de terrain auprès des responsables desdits partis. Partant de là, les résultats obtenus révèlent que l'appropriation du numérique par les institutions partisanes de ces deux espaces politiques ne s'inscrit pas dans un projet qui a pour finalité de modifier profondément leur organisation. Mais elle s'inscrit surtout dans une démarche qui consiste à s'émanciper de la sphère médiatique traditionnelle.

Résumé traduit

In Gabon as in Cameroon, we are increasingly witnessing a disaffection with partisan organizations by citizens who are less inclined to engage in a much more institutional political framework. However, this disaffection with political parties cannot be explained by a lack of interest in political life on the part of the latter, especially since they opt for other forms of political participation. Thus, rather than talking about disinterest, it is more relevant to explain this situation by a mutation of political engagement that is now deployed in other spaces, in particular online spaces that allow speech that is far from the criteria of admissibility in the official public space. As a result, these spaces, which attract more Gabonese and Cameroonians, are seen as a new threat to these political parties already in the midst of a crisis of legitimacy. To reposition themselves in this context of transformation of the public sphere, they have also invested in digital technology, which offers them both strategic and communication opportunities in countries where the media space is also under the control of the actors in power. In a comparative approach that aims to broaden the understanding of this phenomenon of digital appropriation by these parties, it is therefore a question of seeing in this thesis, how, through their use of information technologies and digital communication, they are led to rethink the practices of political communication in order to renew themselves, legitimize itself in order to better fit into the political competition already dominated by the PDG and the CPDM in power. To achieve this, we analysed the content of websites and official Facebook pages of the top five parties represented in the National Assembly in Gabon and Cameroon, before conducting field surveys with the leaders of these parties. Based on this, the results obtained reveal that the appropriation of digital technology by the institutions that support these two political spaces is not part of a project that aims to profoundly modify their organization. But above all, it is part of an approach that consists of bypassing the traditional media to which they have almost no access.