Titre original :

Experience with(out) a name : coinage, conventionalisation, and hypostatisation of English neologisms in contemporary feminism

Titre traduit :

Des expériences qu'on (ne) nomme (pas) : création, conventionnalisation et hypostase des néologismes anglais du féminisme contemporain

Mots-clés en français :
  • Néologisme
  • Féminisme
  • Genre
  • Conventionnalisation
  • Hypostase
  • Linguistique de corpus

  • Anglais (langue)
  • Féminisme
  • Anglais (langue)
Mots-clés en anglais :
  • Neologism
  • Gender
  • Gender
  • Conventionalisation
  • Hypostatisation
  • Corpus linguistics

  • Langue : Anglais
  • Discipline : Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes
  • Identifiant : 2024ULILH022
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 03/09/2024

Résumé en langue originale

Une des principales observations de la linguistique féministe depuis dans son émergence dans les années 1970 est la nature androcentrée de la langue. Afin de contrer ce biais masculin, des changements linguistiques ont été proposés parmi lesquels le langage inclusif, qui continue de susciter un intérêt considérable bien au-delà des sphères féministes et académiques. Toutefois, l'activisme linguistique féministe ne se limite pas à la création de formes plus inclusives. Les groupes de conscientisation ont été identifiés comme une forme majeure de l'activisme féministe des années 1970. Ces espaces ont permis aux femmes de se rendre compte que ce qu'elles pensaient être des expériences individuelles étaient en fait partagées. Ces expériences communes n'étaient pourtant pas nommées. Un exemple de ces expériences est le comportement inapproprié des hommes, en particulier au travail, comme des avances sexuelles. Pour pallier l'absence de noms, les femmes ont alors été encouragées à nommer ces expériences de leurs points de vue, par exemple en inventant le terme "harcèlement sexuel". Le fait de créer des néologismes pour nommer des expériences ne s'est pas arrêté après les années 1970 et le féminisme contemporain est aussi accompagné de tels néologismes. Parmi les néologismes anglais les plus récents, nous pouvons citer "himpathy", qui désigne la sympathie inappropriée dont bénéficient souvent les hommes puissants accusés de comportements misogynes. Comme pour les néologismes inventés autour des années 1970, peu d'attention a été accordée aux néologismes plus récents. La transformation d'une expérience innommée en une expérience nommée est au cœur de la présente thèse qui analyse 24 néologismes anglais apparus au cours du féminisme contemporain. Plus précisément, elle cherche à (i) observer quelles expériences sont nommées par ces néologismes, (ii) étudier dans quelle mesure ils sont utilisés et comment, et (iii) explorer leur effet sur la perception des concepts dénotés. Premièrement, nous constatons que ces néologismes redéfinissent l'activisme linguistique féministe des années 1970. Ils ne se contentent pas de nommer les expériences des femmes par rapport à celles des hommes, mais placent au centre les expériences des personnes minorisées ou marginalisées en raison de leur genre, de leur sexualité, ainsi que de leur race ou de leur religion. Deuxièmement, le degré de conventionnalisation de ces néologismes, c'est-à-dire dans quelle mesure et comment ils sont utilisés, est observé dans le corpus NOW (News on the Web). Cet aspect est particulièrement pertinent pour l'étude des néologismes féministes, puisque l'une des motivations derrière leur création est de rendre les expériences qu'ils dénotent plus visibles dans la société. Cependant, il a été démontré que la diffusion peut également conduire à la dépolitisation de leur signification. L'analyse de corpus montre que ces néologismes récents ne varient pas seulement dans leur degré de diffusion, mais aussi dans le processus de (dé)politisation qu'ils traversent par le biais de changements sémantiques et/ou de stratégies discursives. Troisièmement, en exploitant des résultats préliminaires de la littérature sur la néologie, la présente thèse étudie le pouvoir de la dénomination avancé dans la linguistique féministe lié à la notion d'hypostase. Sur la base d'un questionnaire, on constate que les participant·es qui connaissaient les néologismes avant le questionnaire perçoivent les concepts dénotés plus utiles, par exemple en termes de pertinence sociale. L'activisme linguistique féministe s'est surtout concentré sur le langage inclusif, au point de donner l'impression que l'activisme linguistique féministe se limite à ce dernier. La présente thèse contribue à la linguistique féministe en étudiant un aspect négligé de l'activisme linguistique féministe : les néologismes féministes.

Résumé traduit

One of the main observations of feminist linguistics since its emergence in the 1970s has been the androcentric nature of language. In order to counter this male bias, a number of linguistic changes have been proposed, including gender-fair language, which continues to receive considerable interest well beyond the feminist and academic spheres. However, feminist linguistic activism is not limited to the creation of gender-fair forms. Consciousness-raising groups were identified as a major form of feminist activism in the 1970s. These spaces enabled women to realise that what they thought were individual issues were in fact common to all of them. These were social issues, yet they were nameless. One example of such an issue is the inappropriate behaviour of men, particularly at work, such as sexual advances. To counter the absence of names, women were encouraged to name these experiences from their point of view, for example by coining the term sexual harassment. The creation of neologisms to name experiences did not stop after the 1970s, and contemporary feminism is also accompanied by such neologisms. One of the most recent English neologisms is himpathy, which refers to the inappropriate sympathy often shown to powerful men accused of misogynistic behaviour. As with neologisms coined around the 1970s, little attention has been paid to more recent neologisms. The transformation of an experience without a name into an experience with a name is at the heart of the present thesis, which analyses 24 English neologisms that have emerged in contemporary feminism. More specifically, it seeks to (i) observe which experiences are named by these neologisms, (ii) measure the extent to which they are used and how, and (iii) explore their effect on the perception of the concepts denoted. First, we find that these more recent neologisms redefine feminist linguistic activism of the 1970s. Not only do they name women's experiences in relation to men but they also place at the centre the experiences of people who are minoritised or marginalised because of their gender, sexuality, as well as because of their race or religion. Second, the degree of conventionalisation, i.e. to what extent and how they are used, of these neologisms is observed in the NOW (News on the Web) corpus. This aspect is particularly relevant to the study of feminist neologisms, since one of the motivations behind their coinage is to make the experiences they denote more visible in society. However, it has been shown that diffusion can also lead to the depoliticisation of their meaning. The corpus analysis shows that these recent neologisms do not only vary greatly in their degree of diffusion, but also in the process of (de)politicisation they undergo via semantic changes and/or discursive strategies. Third, exploiting preliminary findings from the literature on neology, this thesis investigates the power of naming posited in feminist linguistics in relation to the notion of hypostasis. On the basis of a questionnaire, it is found that participants who knew the neologisms before the questionnaire perceived the denoted concepts as more useful, for example in terms of social relevance. Much of the focus on feminist linguistic activism has revolved around gender-fair language, to the extent that it might give the impression that feminist linguistic activism is gender-fair language. The present thesis contributes to feminist linguistics by studying an overlooked part of feminist linguistic activism: feminist neologisms.

  • Directeur(s) de thèse : Lemmens, Maarten - Schmid, Hans-Jörg
  • Président de jury : Lansari, Laure
  • Membre(s) de jury : Pauwels, Anne
  • Rapporteur(s) : Gardelle, Laure - Balnat, Vincent
  • Laboratoire : Savoirs, textes, langage (Villeneuve d'Ascq, Nord)
  • École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)

AUTEUR

  • Foubert, Océane
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