Titre original :

Jean-Jacques Rousseau. Pratiques et écritures du lien

Titre traduit :

Jean-Jacques Rousseau and the bond. Practices and writings

Mots-clés en français :
  • Lien
  • Desmologie
  • Rousseau
  • Correspondance
  • Ecriture
  • Subjectivité

  • Rousseau, Jean-Jacques (1712-1778)
  • Rousseau, Jean-Jacques (1712-1778)
  • Relations humaines
  • Contrat social
  • Subjectivité
Mots-clés en anglais :
  • Link
  • Desmology
  • Rousseau
  • Correspondance
  • Writing
  • Subjectivity

  • Langue : Français
  • Discipline : Philosophie
  • Identifiant : 2023ULILH038
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 24/11/2023

Résumé en langue originale

N'est-il pas paradoxal d'aborder l'œuvre de Rousseau sous le prisme du lien ? Le mot « lien » ne fait jamais, sous sa plume, l'objet d'une conceptualisation spécifique. En outre, les lectures les plus autorisées l'ignorent, soit qu'elles mettent l'accent sur un « moi » individuel et comme isolé, en portant l'attention exégétique sur les Confessions ou les Rêveries, soit au contraire qu'elles subsument radicalement le sujet sous des entités collectives, en insistant cette fois sur Du Contrat social ou le Discours sur l'économie politique. Trop détaché d'un côté, trop attaché de l'autre, le sujet rousseauiste paraît, selon ces interprétations, quelque peu déréalisé. Notre travail est guidé par une intuition toute contraire : que Rousseau ne thématise pas explicitement la notion de lien n'interdit pas de penser que ce mot désigne un véritable concept, irréductible à ses cousins plus ou moins éloignés que sont le rapport, la relation et le contrat. L'usage très précis, quoique non réflexif, que Rousseau fait du vocabulaire du lien nous permet de dégager quatre critères permettant d'identifier qu'il y a lien : le sentiment orienté vers autrui, la convenance des rapports, l'authenticité dans la relation, la puissance de subjectivation. Le lien est à sa plus grande intensité quand sont remplis ces quatre critères, qui sont autant existentiels que conceptuels. Quatre autres critères répondent à la question « comment le lien opère-t-il ? » : le langage partagé, la dynamique dialectique de l'expansion et du resserrement, les caractères, et enfin les mœurs. Dans ses écrits dits « autobiographiques » comme dans ses textes théoriques ou littéraires, Rousseau met en œuvre différents liens, ceux qu'il décrit et analyse. Il ne se contente pas de les penser, mais il cherche aussi à nouer effectivement des liens avec sa lectrice ou son lecteur, comme l'illustre aussi sa riche correspondance. Lire Rousseau sous le prisme du lien nous amène alors à repenser le sujet, au sein de sa « théorie de l'homme », comme processus dynamique, ouvrant une conception de la « socialité » naturelle aux antipodes de toute dichotomie rigide entre nature et histoire.

Résumé traduit

A philosophical study of the notion of bond in Rousseau's writing is a paradoxical undertaking. First, nowhere in his writings is the word ‘bond' (lien) subject to a specific conceptual analysis. Second, the most authoritative interpretations of Rousseau's philosophy completely ignore it and either emphasize the importance of the individual and isolated "I" (moi), which figures prominently in the Confessions or the Rêveries, or instead, subsume entirely the individual subject under collective entities, by focusing on the Social Contract or the Discourse on Political Economy. The individual subject is then either too detached or too attached, but in both cases seems to lose its reality. The founding intuition which lies behind the present work is that, despite the absence of any explicit thematization of it in Rousseau's writings, there is such a thing as a concept of bond, closely related to but distinctly different from other more well-known concepts such as rapport, relation and contrat. Thanks to Rousseau's non-thematised yet very precise use of the vocabulary of bond, four criteria can be identified to identify what a bond is. These criteria are: a feeling directed towards others, the appropriateness of the relationship, the authenticity in the relationship, and the power of subjectivation. The bond is at its most intense when these four criteria, which are as much existential as they are conceptual, are met. Four other criteria answer the question “How does a bond work?” These are: shared language, the dialectical dynamics of expansion and contraction, character and, finally, manners (les mœurs). In his so-called “autobiographical” writings, as well as in his theoretical and literary texts, Rousseau implements as a writer a variety of bonds, those very bonds which he describes and analyses. He is thus not only content with reflecting on these bonds but seeks to create them with his readers, as his rich correspondence amply illustrates. Reading Rousseau through the prism of the concept of bond prompts us to cast a fresh look at his conception of the individual subject, within his “theory of man”, and consider it as a dynamic process, which leads to a conception of natural “sociality” beyond a rigid dichotomy between nature and history.

  • Directeur(s) de thèse : Radica, Gabrielle
  • Président de jury : Sabot, Philippe
  • Membre(s) de jury : Rueff, Martin - Kintzler, Catherine
  • Rapporteur(s) : Spector, Céline - Martin, Christophe
  • Laboratoire : Savoirs, textes, langage (Villeneuve d'Ascq, Nord)
  • École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société

AUTEUR

  • El Kabli, Nassim
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