Les projets artistiques de marche collective : au croisement entre expérience vécue, paysage et territoire
Artistic projects of collective walks : on the intersection of shared experience, landscape and territory
- Marche
- Expérience
- Corps
- Mouvement
- Espace
- Paysage
- Marche (locomotion)
- Analyse du mouvement
- Espace (architecture)
- Paysage
- Vécu
- Walking
- Experience
- Body
- Movement
- Space
- Landscape
- Langue : Français
- Discipline : Architecture
- Identifiant : 2023ULILH037
- Type de thèse : Doctorat
- Date de soutenance : 22/11/2023
Résumé en langue originale
À travers un corpus de projets artistiques de marche collective, cette thèse propose de réfléchir à une question : comment marchons-nous ensemble ? La problématisation de cette question concerne la complexité d'une présence collective avec un protocole artistique dans l'espace traversé et son potentiel d'amener une transformation, ne serait-ce que temporairement. Cette présence va ainsi au-delà du groupe marchant et questionne les manières d'établir les relations avec l'espace et les personnes rencontrées, de penser cette présence en termes d'un partage d'expérience et d'en déceler une portée relationnelle, politique et territoriale. Les projets choisis sont les suivants : « Les Promenades Blanches » de Mathias Poisson et Alain Michard, « Slow Walk » d'Anne Teresa de Keersmaeker et « Attention à la marche ! » de Mathias Poisson, Robin Decourcy, Laurent Petit et le collectif La Folie Kilomètre. La méthodologie employée s'est appuyée sur les entretiens avec les participants, les artistes et les commanditaires, les récits d'expérience de la chercheuse, et sur un dialogue constant entre les appuis théoriques, les hypothèses formulées et les éléments d'analyse. La composante chorégraphique s'est avérée déterminante dans l'analyse de l'expérience vécue à la fois individuelle et collective. En mettant en évidence les processus corporels, sensori-moteurs et imaginaires qui se développent sur la durée de projets en question, cette réflexion aborde autant les manières dont le groupe marche ensemble que ses façons de construire des rapports avec l'espace traversé et les autres personnes. La relation gravitaire est devenue une des pistes qui permet d'analyser les manières dont le sujet se meut et évolue dans l'espace, tout en proposant une modalité de présence avec autrui et de partage d'expérience entre les sujets en mouvement. Cette même relation à la gravité a permis d'inclure les personnes ne faisant pas partie du groupe marchant, en esquissant ainsi la perspective sur un commun possible, un commun gravitaire. La composante expérientielle a amené la notion de paysage. Ce dernier a été d'abord approché comme expérience située et relationnelle. À leur tour, les modalités de mise en œuvre, les cadres respectifs conceptuels et institutionnels de projets, les positionnements respectifs des artistes et des commanditaires ont permis de déceler d'autres approches du paysage mettant en avant sa nature politique et territoriale et sa capacité d'être une entité structurant un territoire spécifique. Si les dimensions expérientielle et gravitaire ont permis d'analyser les façons de partager l'expérience, elles ont également orienté la réflexion sur le partage possible du territoire. Le territoire ainsi formé s'est ainsi d'abord appuyé sur les processus corporels, sensoriels et gravitaires qui se déploient de manière renouvelée et réciproque entre la personne et l'espace dans lequel elle se meut, en attestant ainsi d'une production d'une durée particulière de présence avec les autres. En fonction des projets, d'autres définitions du territoire ont émergé qui s'appuient tantôt sur les modalités de l'expérience vécue elle-même, tantôt sur sa durée, tantôt sur le partage possible entre les usagers de l'espace public, tantôt sur les volontés des commanditaires et des artistes et sur les cadres institutionnels et opératoires des projets. L'analyse des projets choisis selon les allers-retours entre les notions d'expérience vécue, de paysage et territoire a permis de faire émerger la spécificité que seul un projet chorégraphique peut avoir en termes de présence collective dans l'espace traversé. La question « Comment marchons-nous ensemble ? » a ainsi dépassé l'expérience vécue dans le groupe de marcheurs pour entrevoir ses retombées en termes d'une transformation possible qui permettrait l'apparition du paysage, l'émergence de son propre territoire et l'ouverture pour laisser autrui faire partie de la traversée.
Résumé traduit
Based on a corpus of several artistic projects of collective walks, this PhD research takes as a starting point the following question - how do we walk together? Its problematics thus concerns the complexity of a collective presence in the space that a group of participants traverses under an artistic protocol, as well as questions its potential to bring about a transformation, albeit its temporary nature. Hence, the collective presence will surpass the very group of people walking together in order to examine how to be establish re lations with the space and the others, imagine this presence in terms of shared experience and define its relational, political and territorial scope. The projects that were analyzed include “Les Promenades Blanches” by Mathias Poisson et Alain Michard, “Slow Walk” by Anne Teresa de Keersmaeker and “Attention à la marche!” by Mathias Poisson, Robin Decourcy, Laurent Petit and the La Folie Kilomètre group. The methodology included interviews with the participants, the artists and the partons, the researcher's personal accounts of experience and the interrelation between theoretical sources, hypotheses and analyzed material. The choreographic component has proved to be the guideline for the analysis of the lived experience from both individual and collective points of view. Thus, the bodily, sensory, kinesthetic and imaginary processes underlying the participants' experience were brought forward in order to treat how the group walks together and the manners in which it establishes a relation with the space that it traverses and the others. The relation to gravity has become of the main tracks for the analysis of the manners in which the person moves and evolves in the space, opening up a modality of being present with the other person as well as a possibility of sharing experience between people in movement. The relation to gravity has also permitted to involve people that don't make part of the walking group in the ongoing experience, thus proposing a perspective on the possible common of gravitational quality. The experiential component has brought about the notion of landscape where the relation to landscape was firstly identified as a situated and relational experience. In their turn, the operational aspects, the conceptual and institutional frameworks of the projects, the positions of the artists and the patrons have led to identifying other possible approaches to this notion that put forth its political and territorial implications and its capacity to structure a specific territory. Whereas the experiential and gravitational modalities of a collective presence have contributed to analyzing the ways of sharing experience, they also oriented this reflection in terms of a possible sharing of territory. Thus, the territory that is formed is based in the first place on the bodily, sensory and gravitational processes that arise in a reciprocal and ever renewed experience between the person and the space that they traverse. This substantiates the production of a specific duration of presence with the others. Depending on the projects, other definitions of the territory were identified either based on the modalities of the lived experience itself, on its duration, on the sharing of the territory between the users of the public space, or on the intentions of the patrons and the artists and the institutional and operating frameworks of the projects.The analysis of the chosen projects based on the interrelation between the notions of experience, landscape and territory has underlined the specificity that only a choreographic project may propose in terms of collective and individual presence in the traversed space. The question “How do we walk together?” thus surpassed the experience of a walking group to consider its potential to bring about a change that would allow the appearance of the landscape, the emergence of its own territory and the possibility of letting the other be part of the walk.
- Directeur(s) de thèse : Grout, Catherine
- Président de jury : Perrin, Julie
- Membre(s) de jury : Guisgand, Philippe - Kazig, Rainer
- Rapporteur(s) : Villemur, Frédérique - Salles, Sylvie
- Laboratoire : Laboratoire d'architecture, conception, territoire, histoire (Villeneuve d'Ascq)
- École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
AUTEUR
- Shamova, Ekaterina