• Langue : Français
• Discipline : Langue et littérature françaises
• Identifiant : 2023ULILH035
• Type de thèse : Doctorat
• Date de soutenance : 17/11/2023

Résumé en langue originale

Grand succès au XVIIIe siècle, les récits à être élémentaire ont pourtant disparu dès le XIXe siècle. Si les personnages du sylphe, du gnome, du salamandre et de l'ondin ont connu une certaine fortune au-delà du siècle des Lumières, ce n'est pas le cas du genre narratif qui les accueillait. Les travaux s'interrogent alors sur les raisons d'un succès limité au XVIIIe siècle d'un genre pourtant moderne, caractérisé par son style ironique et célébré pour les amours originaux qu'ils mettent en scène. En effet, dans cet univers narratif, un protagoniste insatisfait de sa condition, dégoûté par la société qui l'entoure, espère rencontrer ces êtres exceptionnels, censés incarner un idéal de l'amant, et répondre à tous les besoins métaphysiques du mortel lassés par une réalité terne. Mais l'aventure confine bien plus à une exploration de l'intimité psychologique de l'Homme. En croisant une étude éthique, une étude poétique et une étude esthétique, la thèse définit ces récits comme essai ontologique de la sensibilité exacerbée des Hommes, dont l'hybris pousse à tenter l'impossible, mais aussi comme expérience de la déraison, ce que formule une mise en scène de l'imagination débridée. Ainsi, les récits à être élémentaire proposent de mettre en scène des figures qui incarnent les chimères des Hommes. Un corps et esprit humains ne convenaient pas pour exprimer avec toute l'éloquence possible, les limites mêmes des Hommes. Les êtres élémentaires n'étant que des phantasmes, se résument à n'être qu'un fait de langue, une verbalisation séduisante d'un Eros qui dynamise un récit, venant redéfinir le ravissement et le sublime, désormais au service d'une poétique du bonheur, qui limite l'imagination aux bornes du possible. Expérience sensible de l'esprit et de l'émotion, les récits à être élémentaire sont les fictions dont usent les auteurs du XVIIIe siècle pour circonscrire la libido des Hommes : l'appétit pour le progrès, le désir du corps parfait, la vanité de tout savoir se trouvent encerclés par la pointe ironique d'une parrhèsia narrative.

Résumé traduit

A great success in the eighteenth century, stories about being elementary disappeared in the nineteenth century. While the characters of the sylph, the gnome, the salamander and the ondin enjoyed a certain fortune beyond the Age of Enlightenment, the same could not be said of the narrative genre that hosted them. The authors examine the reasons for the limited success in the eighteenth century of a genre that was nonetheless modern, characterised by its ironic style and celebrated for the original loves it portrayed. In this narrative universe, a protagonist dissatisfied with his condition and disgusted by the society around him hopes to meet these exceptional beings, who are supposed to embody the ideal lover and satisfy all the metaphysical needs of mortals weary of a dull reality. But the adventure is much more an exploration of the psychological intimacy of Man. By combining an ethical study, a poetic study and an aesthetic study, the thesis defines these stories as an ontological essay on the heightened sensitivity of human beings, whose hubris drives them to attempt the impossible, but also as an experience of unreason, as formulated by a staging of unbridled imagination. In this way, elemental narratives propose the staging of figures who embody human fantasies. A human body and mind were not suitable for expressing, as eloquently as possible, the very limits of human beings. Elemental beings, being no more than phantasms, are reduced to a mere fact of language, a seductive verbalisation of an Eros that energises a narrative, redefining rapture and the sublime, henceforth at the service of a poetics of happiness, which limits the imagination to the bounds of the possible. As a sensitive experience of the spirit and emotion, elementary narratives are the fictions used by 18th-century authors to circumscribe the human libido: the appetite for progress, the desire for the perfect body, the vanity of all knowledge are encircled by the ironic edge of a narrative parrhesia.