• Langue : Français
• Discipline : Sociologie et démographie
• Identifiant : 2023ULILA021
• Type de thèse : Doctorat
• Date de soutenance : 18/12/2023

Résumé en langue originale

Cette thèse a pour objet des parcours au sein de diverses institutions, sanitaires, médico-sociales et pénitentiaires. Il s'agit plus particulièrement de comprendre quel sens prend la prison lorsqu'elle succède à de multiples expériences au sein d'établissements de prise en charge. En effet, une partie de la population carcérale effectue des allers-retours entre divers espaces. La prison peut alors être considérée en continuité du monde extérieur et, en l'occurrence, dans le prolongement des institutions sanitaires et médico-sociales que ces personnes rencontrent au cours de leur existence. Au terme d'une longue enquête menée par entretiens biographiques auprès d'anciens détenus et de personnes incarcérées, quatre idéal-types de parcours ont été construits, à partir de paramètres repérés par induction. Chacun correspond à un récit mettant en scène à la fois des institutions sanitaires, sociales ou pénales, un certain rapport à la délinquance, une temporalité particulière et une forme de subjectivation des expériences qui se succèdent. Structurée en deux grandes parties et en six chapitres, la thèse débute par un état de la littérature dans le champ carcéral, effectuant un parallèle avec d'autres institutions. Après une présentation de l'enquête et de la construction des idéal-types, quatre chapitres décrivent, à partir des données empiriques, les étapes des parcours. Le résultat majeur réside dans l'existence d'une analogie de la prison avec d'autres institutions, tantôt comme espace de sevrage d'addictions ou lieu d'apprentissage de la délinquance, tantôt comme zone d'hébergement temporaire ou encore comme environnement professionnel. L'établissement carcéral apparait ainsi, paradoxalement, comme un lieu au sein duquel la personne peut devenir sujet et actrice de son existence, plutôt qu'objet de circonstances imprévisibles. Toutefois, les interprétations qui verraient dans cette présentation un argument suggérant que la prison serait devenue un espace confortable sont tout à fait spéculatives : si l'espace pénitentiaire est parfois décrit de façon positive, il s'agit d'une construction de sens qui permet à ceux qui en éprouvent la rigueur de supporter les affres d'une expérience mortifère.

Résumé traduit

This thesis aims to describe life courses inside many healthcare, medico-social and penitentiary institutions. This work is an attempt to understand the sense (direction and meaning) of prison after various and diverse experiences within care facilities. Indeed, a portion of the inmate population often go through multiple spaces and institutions, back and forth. Prison might be considered as the continuation of the outside world and more specifically as an extension of the healthcare and medico-social facilities these people come across in their lifetime. Based on an all-encompassing investigation that relies on biographical interviews conducted with ex-prisoners and incarcerated people, four life courses ideal-types have been constructed, from parameters identified through an inductive analysis. Each of those ideal-types highlight a narrative which depicts medical, social and penal institutions, an emphasized perception of crime, a specific timeline and a subjectivation form linked to experiences that follow one another. Structured in two main parts and six chapters, the thesis starts with a state of the literature in the carceral field, by making a parallel with other institutions. After an overview of the inquiry and the composition of the ideal-types, four chapters describe, with empirical data, every stages of the life courses. The main outcome shows prison is the subject of an analogy with other institutions, sometimes considered as a rehab space or a crime school, sometimes as a temporary shelter or even as a work environment. The carceral facility thus appears to be, paradoxically, a place where the individual can become the subject and the actor of his own life, rather than being an object of unforeseen circumstances. However, it would be quite speculative to believe that prison might have become a friendly and comfortable space : when the penitentiary space is described as a positive experience, it seems to be the result of a construct which would make room for a kind of tolerance of those spaces, despite the noxious quality attached to them.