Titre original :

Big Brain Science : The traveling imaginary, politics, and research work

Titre traduit :

Big Brain Science : l'imaginaire voyageur, la politique et le travail de recherche

Mots-clés en français :
  • Imaginaire sociotechnique
  • Imaginaire voyageur
  • Human Brain Project

  • Neurosciences
  • Recherche -- Travail de groupe
  • Recherche -- Politique publique
  • Recherche qualitative
  • Politique scientifique
Mots-clés en anglais :
  • Big science
  • Neuroscience
  • Sociotechnical imaginary
  • Traveling imaginary
  • Expectation
  • Human Brain Project

  • Langue : Anglais
  • Discipline : Sociologie et démographie
  • Identifiant : 2023ULILA012
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 06/11/2023

Résumé en langue originale

Au cours de la dernière décennie, une tendance distincte dans l'étude du cerveau a été la prolifération de projets à grande échelle. Parmi les exemples, citons le Human Brain Project de la Commission européenne, la BRAIN Initiative du gouvernement américain, et Korea Brain Initiative du gouvernement coréen. Malgré des objectifs spécifiques différents, ces projets impliquent typiquement de centaines de chercheurs et des budgets allant de millions à des milliards d'euros sur une période d'environ une décennie. Les partisans soutiennent que comprendre le cerveau humain, probablement l'organe le plus complexe, peut faire progresser de manière significative la science, la médecine, l'informatique et la société dans son ensemble. Cependant, l'intérêt porté à cet organe n'est pas un phénomène récent ; le cerveau humain a fait l'objet de curiosité scientifique pendant des siècles. Alors, pourquoi y a-t-il une recrudescence de projets de recherche sur le cerveau à grande échelle, rompant avec la tradition des études individuelles ? Et quelles sont les implications de cette nouvelle approche sur l'organisation et la conduite de la recherche ?Pour aborder ces questions, je mène une étude qualitative en deux parties. D'abord, j'utilise le concept d'imaginaire sociotechnique pour illustrer que l'idée d'initiatives à grande échelle dans la recherche sur le cerveau comme moyen de faire progresser la science et de relever les défis sociétaux est répandue depuis des décennies ou voire siècles. Je qualifie ce phénomène d'imaginaire voyageur de Big Brain Science. Ensuite, pour comprendre comment cet imaginaire se déploie aux niveaux organisationnel et individuel, j'analyse le Human Brain Project (HBP). J'examine les motivations de divers participants, leurs visions, et les changements résultants dans l'orientation et le développement technologique du projet tout au long de son évolution. Ce faisant, j'applique des théories sociologiques de l'attente et des frontières professionnelles.Au niveau théorique, cette recherche enrichit la littérature croissante sur l'imaginaire sociotechnique et l'imaginaire voyageur en ajoutant une étude empirique significative. Plus précisément, elle suggère qu'une étude sociologique meso et micro peut mettre en lumière des aspects souvent négligés par ces concepts, qui se concentrent principalement sur les stratégies et les activités des acteurs majeurs. Au niveau empirique, l'étude offre une compréhension globale de l'imaginaire voyageur de Big Brain Science, qui a profondément influencé notre perception des êtres humains et de la société, tout en renforçant l'attention politique, scientifique et publique sur le cerveau humain.Plus largement, cette thèse soulève des préoccupations concernant les investissements à grande échelle motivés politiquement comme mécanisme pour faire face aux défis sociétaux. Je reconnais que l'imaginaire voyageur de Big Brain Science, alimenté par des visions optimistes de l'avenir, le progrès scientifique, et les institutions et politiques de soutien, a contribué à la science et à la société. Cependant, cette recherche met également en évidence que la propagation de cet imaginaire chargé de promesses permet aux élites politiques et aux scientifiques de premier plan de l'utiliser pour promouvoir leurs propres programmes, en contournant souvent des dialogues inclusifs sur l'utilisation sociale de la connaissance scientifique et la solidité scientifique de tels projets à grande échelle. De plus, l'établissement et l'avancement d'un projet à grande échelle restent chargés d'incertitude en raison des intérêts et tensions conflictuels entre divers acteurs. Sur la base de ces perspectives, cette recherche plaide pour une compréhension critique des entreprises à grande échelle et des imaginaires voyageurs des domaines de pointe qui sous-tendent ces projets.

Résumé traduit

Over the past decade, a distinctive trend in brain-related research has been the proliferation of large-scale projects. Examples include the European Commission's Human Brain Project, the US government's BRAIN Initiative, and the Korean government's Korea Brain Initiative. Despite differing specific objectives, these projects commonly involve hundreds of researchers and budgets ranging from millions to billions of euros over approximately a decade. Proponents argue that understanding the human brain, arguably the most complex organ, can significantly advance science, medicine, information technology, and society as a whole. However, the focus on this organ is not a recent phenomenon; it has been a matter of scientific curiosity for centuries. So, why is there a surge in large-scale brain research projects, breaking away from the tradition of individual studies? And what are the implications of this new approach on the organization and conduct of research?To tackle these inquiries, I conduct a two-part qualitative study. First, I utilize the concept of the sociotechnical imaginary to illustrate that the idea of large-scale initiatives in brain research as a means of advancing science and tackling societal challenges has been prevalent over decades, even centuries. I term this phenomenon the 'traveling imaginary of Big Brain Science.' Second, to understand how this imaginary unfolds at the organizational and individual levels, I analyze the Human Brain Project (HBP). I scrutinize the motivations of various participants, their visions, and the resultant changes in the project's orientation and technological development throughout its evolution. In doing so, I apply sociological theories of expectation and professional boundaries.On a theoretical level, this research enriches the growing literature on sociotechnical imaginary and traveling imaginary by adding a significant empirical study. Specifically, it suggests that a meso and micro-sociological study can shed light on aspects often overlooked by those concepts, which primarily focus on the strategies and activities of major actors. On an empirical level, the study provides a comprehensive understanding of the traveling imaginary of Big Brain Science, which has profoundly influenced our perception of humans and society while heightening political, scientific, and public focus on the human brain.More broadly, this thesis raises concerns about politically driven large-scale investments as a mechanism for addressing societal challenges. I acknowledge that the traveling imaginary of Big Brain Science, driven by optimistic visions of the future, scientific progress, and supporting institutions and politics, has contributed to science and society. However, this research also highlights that the spread of this promise-laden imaginary allows political elites and leading scientists to leverage it to further their agendas, often sidestepping inclusive dialogues on the social utilization of scientific knowledge and the scientific soundness of such large-scale projects. Furthermore, the establishment and progress of a large-scale project remain fraught with uncertainty due to the conflicting interests and tensions among various actors. Based on these insights, this research advocates for a critical understanding of large-scale endeavors and the traveling imaginaries of cutting-edge fields that underpin those projects.

  • Directeur(s) de thèse : Sainsaulieu, Ivan - Leresche, Jean-Philippe
  • Président de jury : Panese, Francesco
  • Membre(s) de jury : Shin, Youjung
  • Rapporteur(s) : Crespy, Cécile - Louvel, Séverine
  • Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé)
  • École doctorale : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Villeneuve d'Ascq)

AUTEUR

  • Kim, Jongheon
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