Titre original :

Expérience carcérale et clinique narrative et éducative : quels enjeux enjeux biographiques, identitaires et éthiques ?

Titre traduit :

Narrative and educative clinic through prison experience : what biographical, identity and ethical issues ?

Mots-clés en français :
  • Recherche biographique
  • Narrativité
  • Clinique éducative
  • Récit de vie
  • Milieu carcéral
  • Éthique

  • Prisonniers
  • Histoires de vie
  • Analyse du discours narratif
Mots-clés en anglais :
  • Biographical research
  • Narrativity
  • Care sociology
  • Story-Telling
  • Prison
  • Ethics

  • Langue : Français
  • Discipline : Sciences de l'éducation et de la formation
  • Identifiant : 2022ULILH054
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 12/12/2022

Résumé en langue originale

Notre recherche en Sciences de l'Education et de la formation envisage l'expérience carcérale au prisme de la clinique du sujet. L'expérience vécue par les « sujets détenus » est prise comme espace d'émergence d'apprentissages expérientiels, dont la dimension sensible rendue accessible par la narration de soi-même peut induire un impact existentiel. Les données sur lesquelles nous nous basons sont issues d'un dispositif clinique éducatif basé sur le recueil de récits de vie de détenus volontaires élaborés à partir d'échanges à dimension herméneutique à partir de textes provenant de la philosophie, de la littérature et des sciences humaines. En d'autres termes, nous avons analysé ce qu'une démarche mobilisant l'identité narrative doit à une disposition préalable de certains détenus « longues peines ». Nous évoquons les processus de reconstruction identitaire induits par le parcours personnel et par l'univers de sens carcéral. Nous avons aussi étudié avec les détenus les modalités et le sens de leur engagement dans une herméneutique de soi, notamment la place de l'émoi éthique dans ce phénomène. Pour ce faire, nous nous sommes basée sur un dispositif de groupe avec cinq détenus et sur le travail écrit d'une quinzaine de détenus en analysant les effets performatifs du couplage entre un dispositif biographique et des médialités culturelles. Le recours au champ épistémologique et méthodologique de la recherche biographique selon une optique phénoménologique nous a permis d'aborder la question du vécu narr-activé des sujets quant à l'acte de rendre compte de soi. Il est question aussi des liens entre acte de vivre, acte de raconter, supports produits et construction identitaire. D'autre part, nous avons travaillé avec les participants sur le dispositif lui-même afin d'en évaluer la pertinence en milieu carcéral. L'apprentissage de la narrativité comme espace d'émergence de la conscience de soi est mis en lien avec la notion de créativité de soi pour comprendre pourquoi et comment elle peut être mobilisée auprès de détenus. C'est-à-dire auprès d'individus dont les capacités d'historicité et de projection vers un avenir « socialement compatible » se trouvent « mises à l'épreuve » (Martuccelli, 2006) du fait du jugement initial prononcé et du mode de vie en prison (Rostaing, 2006). Le lien entre faire et se faire renvoie à la question de ne pas (se) faire, car la place de l'action et de la potentialité à agir sont problématiques en prison. Or, un phénomène particulier a été observé, à savoir ce que nous proposons de qualifier d'élan ou émoi éthique, que nous lions à ce contexte de vie si particulier qu'est l'environnement carcéral, en particulier les contraintes qu'il induit sur l'agir. Nous exposerons à ce titre notre compréhension de ce lien entre un se faire passant par un élan éthique et les contraintes actantielles induites par le mode de vie en prison. Se trouvent ainsi posées la question de la possibilité d'une non-carcéralisation ou d'une décarcéralisation de la construction identitaire via cette médialité liant récit de soi et travail sur l'éthique, et celle de la pertinence de ladite médialité performative sur le plan existentiel en milieu carcéral. En étudiant les modalités de mise en récit de soi en incarcération longue, ainsi que la nature du rapport des personnes détenues à la médiation narrative à dimension herméneutique pendant leur parcours de peine, nous interrogeons les relations entre vécu de l'expérience, formation/apprentissage éthique et « biographisation » (Delory-Momberger, 2009). Cette recherche interroge donc les conditions structurales de la formation de l'acteur à partir de cette question de départ : dans quelle mesure le récit de vie, mobilisé dans une démarche clinique narrative et éducative, peut-il permettre de mieux comprendre comment se traduisent, chez les personnes placées sous main de justice, les recompositions identitaires qui s'opèrent à l'occasion de leur parcours de peine ?

Résumé traduit

Our research in Education and Training Sciences looks at the prison experience from the perspective of the subject's clinic. In doing so, the experience experienced by the "detainees" is used as a space for the emergence of experiential learning, the sensitive dimension of which made accessible by the self-narrative can induce an existential impact. The data on which we rely are essentially derived from a clinical educational system based on the collection of life stories of willing prisoners, developed from hermeneutic exchanges based on texts and ideas from philosophy, literature and the humanities. In other words, we analyzed what the form and scope of a narrative identity approach owe to the disposition of some "long-term" inmates. We talk about the processes of identity reconstruction induced by the personal journey as well as by prison universe of meanings. We also studied with inmates the modalities and meaning of their involvement in a hermeneutic of self, including the place of ethical emotion in this phenomenon. To do this, we used a group arrangement with five inmates and the written work of a cohort of fifteen inmates by analyzing the performative effects of the linkage between a biographical arrangement and cultural medialities. The use of the epistemological and methodological field of biographical research from a phenomenological perspective has allowed us to address the question of the narr-activated experience of subjects regarding the act of self-accountability. It is also about the links between act of living, act of telling, product supports and identity building. On the other hand, we worked with the participants on the arrangement itself to assess its suitability in the prison setting. Learning narrativity as a space for self-awareness is linked to the notion of self-creativity to understand why and how it can be mobilized with inmates. That is to say, with individuals whose capacities for historicity and for projecting towards a "socially compatible" future are "put to the test" (Martuccelli, 2006) because of the initial judgment handed down and the way of life in prison (Rostaing, 2006). The link between doing something and making oneself refers to the question of not doing, because the place of action and the potential to act are problematic in prison. However, a particular phenomenon has been observed, namely what we propose to call an ethical impetus or emotion, which we link to this very particular context of life, namely the prison environment, in particular the constraints it imposes on action. In this context, we will explain our understanding of this link between a move through an ethical momentum and the current constraints induced by the prison lifestyle. The following questions are raised: the possibility of non-incarceration or de-incarceration of the construction of identity through this mediality linking self-narrative and work on ethics, and the relevance of this performative mediality on the existential level in a prison setting. By studying how long-term incarceration self-narrative is carried out, and the nature of the relationship of inmates to hermeneutic narrative mediation during their sentence journey, we question the relationship between experience, training/ethical learning and "biographing" (Delory-Momberger, 2009). This research therefore questions the structural conditions of the actor's training on the basis of this initial question: to what extent can the story-telling, mobilized in a clinical narrative and educational approach, make it possible to better understand how the identity recompositions that take place during their sentence are translated in those placed under the control of the courts?

  • Directeur(s) de thèse : Niewiadomski, Christophe
  • Président de jury : Pagoni-Andréani, Maria
  • Membre(s) de jury : Deville, Julie - Casanova, Rémi - Gaulejac, Vincent de - Fugier, Pascal
  • Rapporteur(s) : Rostaing, Corinne - Janner-Raimondi, Martine
  • Laboratoire : Centre interuniversitaire de recherche en éducation (Villeneuve d'Ascq, Nord)
  • École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Villeneuve d'Ascq, Nord). Séminaire transfrontalier

AUTEUR

  • Deaucourt, Marie
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Confidentiel jusqu'au 12/12/2027