Titre original :

De la Restauration au Printemps des Peuples, la contre-insurrection française, 1815-1851

Titre traduit :

From Restauration to Springtime of People, The French Counterinsurgency, 1815-1851

Mots-clés en français :
  • Contre Insurrection
  • Guerre irrégulière
  • Désordre intérieur

  • Contre-guérilla
  • France -- 1815-1848
Mots-clés en anglais :
  • Counter Insurgency
  • Irregular warfare
  • Civil strife

  • Langue : Français
  • Discipline : Histoire
  • Identifiant : 2022ULILH025
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 21/10/2022

Résumé en langue originale

Cette thèse a pour objet d'études les théories, stratégies et tactiques contre-insurrectionnelles françaises au premier XIXe siècle, du lendemain de la bataille de Waterloo à la veille du coup d'Etat du 2 décembre 1851. Ces évènements s'inscrivent dans le cadre de la guerre, que nous étudions au croisement de l'histoire militaire, politique et culturelle, et se manifestant sous deux formes. La guérilla montré son efficacité depuis la guerre de la péninsule ibérique de 1808, inspirant des générations de militants qui souhaitent répéter ce conflit, sans pour autant y parvenir. Dépassant le stade théorique, l'armée française s'y confronte sur plusieurs décennies, en Algérie, à partir de 1830. La guerre des rues prend également une place inédite dans le champ politique et stratégique de l'Europe de l'Ouest, car un combat malheureux pour les autorités peut en effet amener à la chute du régime. Ces deux types d'affrontement amènent ainsi les autorités à combattre un adversaire dérogeant aux cadres de la guerre dite "régulière." Barricadier, combattant tribal d'Afrique du Nord ou guérillero conduisent à repenser les rôles du soldat, à devoir livrer bataille jusque dans les rues de la capitale et à brouiller les frontières entre le combattant et le civil. Sujet centré sur la métropole française, l'importance accordée aux circulations amène cependant à élargir le champ d'études, pour traiter d'une part les échanges entre l'Algérie et l'Europe mais aussi entre la France et ses voisins européens. Des échanges qui se manifestent par une circulation d'acteurs, d'idées, de représentations de l'adversaire, créant un continuum contre-insurrectionnel entre la France, ses voisins, et sa conquête africaine. La place des acteurs militaires, politiques et policiers y est primordiale, toutefois, le rôle des journalistes, écrivains et des simples citoyens doit également être analysé dans l'élaboration et la poursuite de ces stratégies de contre-insurrection. Le combat idéologique, devant nier à l'insurgé la qualité de soldat, et même de combattant ou d'adversaire politique respectable, est en effet mené de façon constante, et accompagne les affrontements menés les armes à la main. Le regard porté envers cet ennemi n'est pas sans conséquence sur les mesures déployées pour y faire face. Enfin, dans cette guerre irrégulière, la distinction entre un civil combattant et un civil passif, spectateur des évènements est diversement assumée par les forces armées. Les civils non-combattants sont dès lors des cibles, et de diverses manières. Entre les razzias de Kabylie et les canonnades à mitraille du quartier Saint-Antoine, les populations ont à subir les conséquences de la volonté des soldats et gouvernants d'"en finir." Toutefois, il serait réducteur de n'y trouver que des victimes, car une stratégie des "coeurs et esprits" fait d'eux des potentiels ralliés: il faut à la fois les couper des "subversifs" et s'assurer de leur coopération, ou du moins de leur non-participation aux entreprises adverses. De plus, nombre de civils sont aussi des acteurs à part entière de ce conflit, et jouent un rôle essentiel également dans les rangs de la contre-insurrection. Forces paramilitaires enrôlées brièvement, indicateurs, soutiens logistiques, ou participants au combat intellectuel accompagnant la lutte armée, la contribution des civils à la guerre irrégulière est protéiforme. De même, le scrutin universel masculin devient, à compter de 1848, une arme majeure de la répression: aux quelques milliers de barricadiers, les conservateurs répondent en se réclamant des millions de voix d'électeurs ayant soutenu leurs candidats, aux élections. L'élection sert de prolongement à la destruction de la barricade, la victoire est au bout du fusil, et du bulletin de vote.

Résumé traduit

Our thesis deals with the theories, the strategies and tactics of French counter-insurgency from 1815 to 1851. These events were a part of irregular warfare, that we study through its military, political and cultural aspects. During our period of interest, irregular warfare took place in two ways. Guerrilla showed its strength and effectiveness in the Peninsular War of 1808, and inspired several generations of political fighters. Even if they were not successful, they tried to launch an insurgency of the same kind in their own land. Also, the French Army waged a war of conquest against Algerian irregular warriors. Meanwhile, urban warfare became essential, to a level unseen until then, in the political life of Western European states. Indeed, a successful revolution could bring the regime to its end. These two kinds of warfare forced the authorities to fight an opponent that did not follow the guidelines of a "regular" warfare. Therefore, soldiers faced new opponents: barricade fighters or North African tribal warriors, who forced the soldiers to think their place anew. Soldiers had to fight in the very streets of the cities, blurring the boundaries between civilians and fighters. Our work focuses on the French mainland, but its scope is larger. The circulation of ideas and representations brings us to study the exchanges between Algeria and Europe on the one hand, and between France and its European neighbours on the other hand. Those circulations involved actors, ideas and representations, creating therefore a counter insurrectional continuum between France, its neighbours and its North African conquest. Many actors have a prominent place in this war: members of the army and police, politicians but also journalists, writers and even common citizens. The ideological struggle was constantly fought: it denied the insurgent the quality of soldier, of warrior and even of a worthy political opponent. This struggle was waged together with the armed struggle. Also, in this irregular warfare, the boundary between a civilian fighter and a non-combatant civilian was not always respected by the counterinsurgents. Consequently, non-combatant civilians were often targeted. The justification, often heard "It must come to an end" meant that cannister shot in the Parisian suburbs or raids in the Algerian countryside were commonplace. But it would be a false assumption to see those civilians, only, as victims. "Hearts and Minds" policies were implemented to rally them, as supporters. Civilians had to be cut off from insurgents. Furthermore, civilians could join the authorities in their actions. From informants to paramilitaries, their contributions were diverse. Moreover, in 1848, the universal male suffrage became a weapon in the hands of the state. Against a few thousand insurgents, defenders of the social order could call upon millions of votes in their favour. Elections followed and completed the destruction of the barricade. Power grew out of the barrel of a gun, and from ballots.

  • Directeur(s) de thèse : Darriulat, Philippe
  • Président de jury : Deluermoz, Quentin
  • Membre(s) de jury : Bruyère-Ostells, Walter - Larrère, Mathilde
  • Rapporteur(s) : Aprile, Sylvie - Lignereux, Aurélien
  • Laboratoire : Institut de recherches historiques du Septentrion (Villeneuve d'Ascq, Nord)
  • École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Villeneuve d'Ascq, Nord)

AUTEUR

  • Burel, Ivan
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