Analyse et déterminants de la mobilité intergénérationnelle de capital humain : le cas de la région des Hauts-de-France
Analysis and determinants of intergenerational mobility in education in the Hauts-de-France region
- Mobilité intergénérationnelle
- Autocensure scolaire
- Identité sociale
- Mobilité sociale
- Reproduction sociale
- Transmission intergénérationnelle
- Réussite scolaire
- Élèves -- Aspirations
- Capital humain
- Différenciation sociale
- Human capital
- Intergenerational mobility
- Hauts-De-France
- Educational aspirations
- Self-Censorship
- Social identity
- Langue : Français
- Discipline : Sciences économiques
- Identifiant : 2022ULILA027
- Type de thèse : Doctorat
- Date de soutenance : 08/12/2022
Résumé en langue originale
Depuis la crise économique des années soixante-dix qui a mené au déclin des industries traditionnelles, la région des Hauts-de-France présente un faible niveau général d'éducation comparativement à la France métropolitaine. Celui-ci se caractérise par une sous-représentation des individus diplômés de l'enseignement supérieur concomitante à une surreprésentation des individus peu ou pas diplômés. De par le processus cumulatif des inégalités, cette situation génère tout un ensemble de vulnérabilités socioéconomiques qui se traduisent par des indicateurs dégradés en matière de niveau de vie médian, de pauvreté, de chômage, d'accès au logement et à la santé. Le manque d'attractivité du territoire, couplé au phénomène de « fuite des cerveaux », ne participe que partiellement à expliquer les écarts observés en matière de diplomation. En réalité, une partie de l'explication réside également dans les choix d'éducation des habitants de la région.Dans un premier temps, cette thèse vise à tester l'hypothèse de l'existence d'un sous-investissement en éducation par les habitants de la région qui se caractériserait par une mobilité intergénérationnelle d'éducation plus limitée. Les résultats de nos analyses ne confirment pas cette hypothèse. Cependant, ils ne révèlent pas non plus l'existence d'un processus de rattrapage régional qui réduirait à terme les écarts région-France observés en matière d'éducation. Pour enclencher un processus de rattrapage, il s'avère donc nécessaire d'accroître l'investissement effectif en capital humain des habitants de la région, ce qui permettrait d'augmenter le bien-être social et économique tant individuel que collectif. Un levier d'action consiste à favoriser la mobilité intergénérationnelle d'éducation.Une façon d'y parvenir consiste à réduire voire éliminer les écarts d'aspirations scolaires en matière d'orientation et de poursuite d'études observés chez des élèves issus de différents milieux socioéconomiques et présentant une réussite scolaire similaire. Il s'agit donc, dans un second temps, d'identifier les leviers à partir desquels il serait possible d'agir. L'analyse des données de l'enquête "École, Aspirations, Avenir" souligne l'importance des différences sociales d'anticipations de réussite comme facteur explicatif de l'autocensure scolaire observée chez les élèves de troisième scolarisés dans la région et issus de milieu modeste. Si ces anticipations de réussite socialement différenciées sont en partie rationnelles, nos résultats montrent (i) que la croyance des élèves vis-à-vis de la mobilité sociale, conditionnellement à leur origine sociale, tend à expliquer les écarts sociaux observés en matière d'anticipations de réussite scolaire, et (ii) que l'effet de telles croyances est hétérogène puisqu'un haut degré de fatalisme social chez les élèves favorisés stimule leurs anticipations de réussite, tandis qu'il tend à réduire celles des autres élèves.Enfin, à partir d'une expérience menée en laboratoire, cette thèse met en évidence l'effet de l'identité sociale des individus sur leur comportement d'investissement en éducation. L'analyse montre que les anticipations de réussite n'expliquent pas les différences de comportement observées, et que les individus ont tendance à se conformer à la norme perçue du groupe social artificiel auquel ils appartiennent.À partir de nos résultats, cette thèse propose différents types de dispositifs de politiques publiques à développer au sein de la région des Hauts-de-France avec comme objectif de réduire la reproduction intergénérationnelle des inégalités sociales à l'École en éliminant les écarts sociaux d'aspirations scolaires.
Résumé traduit
Since the seventies' economic crisis, which led to the decline of traditional industries, the Hauts-de-France region has suffered from a low general level of education compared to the French level. More specifically, an under-representation of individuals with higher education degrees is coupled with an over-representation of individuals with low or no degrees. The cumulative process of inequalities generates a whole series of socioeconomic vulnerabilities that translate into poor indicators such as low median living standards, high rates of poverty and unemployment and a reduced access to housing and health care. The region's lack of economic attractiveness, combined with a « brain drain » phenomenon, is only part of the explanation for the observed gaps in educational attainment. As a result, the educational choices of the region's inhabitant contribute to the situation.First, this thesis aims at testing the hypothesis of a regional underinvestment in human capital that would be characterized by a reduced intergenerational mobility of education in the region. The analysis results do not support this hypothesis. However, there is no evidence of a regional catch-up proccess that would reduce the region-France educational gaps in the long term. In order to initiate a catching-up process, an increase in the effective investment in human capital of the region's inhabitants is therefore needed, which would enhance both individual and collective social and economic well-being. One lever for action is to promote intergenerational educational mobility.One way to achieve this goal is to reduce the educational aspirations gaps (academic orientation and pursuit of studies) among students from different socioeconomic backgrounds who have similar academic performances. Thus, the second step is to identify the levers on which one could intervene. Analysis based on the "École, Aspirations, Avenir" survey stresses the importance of social differences in students' expectations of academic success as an explanatory factor for the educational self-censorship observed among socially disadvantaged ninth-grade students. Even if these socially differentiated expectations of academic success are partly rational, our results show (i) that students' belief in social mobility, depending on their socioeconomic background, tends to explain the observed social differences in expectations of academic success, and (ii) that the effect of such beliefs is heterogeneous, since a high degree of social fatalism among advantaged students boosts their expectations of academic success, while it tends to reduce those of other students.Finally, this thesis investigates how social identity affects individuals' human capital investment behavior through a laboratory experiment. Our analysis shows that expectations of success do not account for the observed differences in behavior, and that individuals tend to conform to perceived norms of the artificial social group they belong to.Building on our results, this thesis proposes several public policy measures to be implemented in the Hauts-de-France region with the objective of reducing the intergenerational reproduction of educational inequalities by closing the social gaps in educational aspirations.
- Directeur(s) de thèse : Chusseau, Nathalie - Vaillant, Nicolas
- Président de jury : Trannoy, Alain
- Membre(s) de jury : Le Lec, Fabrice - Hellier, Joël
- Rapporteur(s) : Lefebvre, Mathieu - Huillery, Élise
- Laboratoire : LEM - Lille Économie Management
- École doctorale : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....)
AUTEUR
- Schmitz Geldhof, Valentine