Titre original :

S'inventer écrivain à Madrid sous les derniers Habsbourg d'Espagne : enquête sur le succès littéraire de Francisco Santos

Titre traduit :

Inventing oneself as a writer in Madrid under the last Habsburgs of Spain : an investigation into the literary success of Francisco Santos

Mots-clés en français :
  • Espagne
  • Siècle d'Or
  • Histoire
  • Francisco Santos

  • Santos, Francisco (1617?-1698?)
  • Littérature espagnole -- 1500-1700 (Période classique)
Mots-clés en anglais :
  • Spain
  • Golden Century
  • History
  • Francisco Santos

  • Langue : Français
  • Discipline : Langues et littérature romanes
  • Identifiant : 2021LILUH045
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 26/11/2021

Résumé en langue originale

Francisco Santos est un modeste soldat de la garde du roi d’Espagne. Il a quarante ans lorsque son premier roman, « Día y noche de Madrid », est édité dans la capitale de l’empire catholique. Acteur et témoin de la vie des madrilènes de condition inférieure, sous Philippe IV et Charles II de Habsbourg, il publie dix-sept titres, de 1663 à 1697. Certains de ces textes sont réédités, des volumes sont exportés. Dans ses fictions, Santos combine la narration en prose, la poésie et le théâtre ; il critique et satirise les mœurs de ses contemporains, selon une morale pieuse contre-réformiste. Sans formation académique mais nourri par la lecture des grands noms de la littérature espagnole, cet autodidacte parvient à construire une carrière professionnelle d’écrivain à succès. L’enquête que propose cette thèse met ainsi en lumière le paradoxe d’une société d’Ancien Régime qui, arrivée au crépuscule de son Siècle d’Or, permet à l’un de ses sujets les plus humbles de devenir un auteur fécond, miroir de son époque et reflet d’un patrimoine littéraire partagé par ses lecteurs. Grâce aux outils de la sociologie de la littérature, ce travail explore le tissu social, les sphères culturelles, politiques et religieuses, ainsi que les débats qui agitent l’Espagne au temps des derniers souverains de la Maison d’Autriche. Dans quelle mesure sa naissance à Madrid, son réseau de sociabilité composé de soldats et d’officiers, d’amis et de soutiens appartenant à l’Église et à la petite noblesse, influencent-ils son écriture ? Tente-t-il d’élaborer une ligne éditoriale avec ses libraires et ses imprimeurs ? Le vide de créativité de la fiction narrative en prose oriente-t-il ses choix formels et thématiques ? Courageux et opiniâtre, Santos met à profit son talent de narrateur et sa sensibilité, pour susciter l’imaginaire du lecteur. Il s’approprie et il combine les expérimentations et les innovations de ses prédécesseurs. Quelle source d’inspiration et d’emprunts constituent, pour lui, Alemán, Cervantès, Lope de Vega, Quevedo, Saavedra Fajardo, Salas Barbadillo, Pérez de Montalbán, Castillo Solórzano, Vélez de Guevara, Zabaleta, Gracián et Calderón ? Qu’emprunte-t-il aussi à la satire populaire et littéraire, aux écrits religieux, à la prédication dévote, à l’iconographie sacrée, à la littérature d’emblèmes et aux récits d’évènements ? Attentif aux débats qui agitent la société de son temps, Santos nourrit sa littérature de dévotions en vogue ‒ cultes des saints, des anges, des âmes du purgatoire ‒, il contribue spontanément à l’exaltation de la « pietas austriaca » ‒ tout particulièrement l’Immaculée Conception, la Sainte Eucharistie et la Sainte Croix ‒ ; il multiplie dans ses textes les appels à la charité et à l’ordre morale, les réflexions sur le coût de la vie, sur les tentatives de réformes opérées par la Monarchie. Pauvre, il représente les miséreux avec dignité. Santos connaît une réussite commerciale non négligeable, de son vivant et jusqu’au XIXe siècle, en Espagne et à l’étranger. Il inspire Lesage, Torres Villarroel et Lizardi. Depuis le XXe siècle, il intéresse divers bibliographes et spécialistes de la littérature, qui voient dans sa production une expression précoce du costumbrisme ou encore un épiphénomène de la picaresque. Aussi, des études fragmentaires et des éditions critiques ponctuelles ont été publiées. En 2017, García Santo-Tomás signale l’absence d’un travail global et approfondi sur Francisco Santos et son œuvre. La présente thèse y remédie, en apportant un éclairage nouveau et complet sur les enjeux sociaux, éditoriaux, politiques, économiques et religieux auxquels se confronte un humble espagnol, pour construire une carrière d’écrivain professionnel, dans le dernier tiers du XVIIe siècle. Cette étude contribue ainsi à affiner les connaissances sur la société espagnole, la fiction narrative en prose, sa matérialité, et l’historiographie de l’Espagne.

Résumé traduit

Francisco Santos was a modest soldier in the Spanish king's guard. He was forty years old when his first novel, "Día y noche de Madrid", was published in the capital of the Catholic empire. As an actor and a witness to the life of the lower classes in Madrid under Philip IV and Charles II of Habsburg, he published seventeen fiction works between 1663 and 1697. Some of these texts were republished, and volumes were exported. In his production, Santos combined prose narrative, poetry and drama; he criticized and satirized the morals of his contemporaries, according to a pious counter-reformist moral. With no academic training but nourished by reading the great names of Spanish literature, this self-taught man managed to build a successful professional career as a writer. The investigation proposed in this thesis thus highlights the paradox of an Ancien Régime society which, having reached the twilight of its Golden Age, allows one of its humblest subjects to become a fruitful author, a mirror of his time and a reflection of a literary heritage shared by his readers. Using the tools of the sociology of literature, this work explores the social fabric, the cultural, political and religious spheres, as well as the debates that agitated Spain at the time of the last sovereigns of the House of Austria. To what extent did his birth in Madrid, his social network of soldiers and officers, friends and supporters from the Church and the lower nobility, influence his writing? Did he attempt to develop an editorial line with his booksellers and printers? Did the creative vacuum of narrative prose fiction guide his formal and thematic choices? Courageous and stubborn, Santos used his talent as a narrator and his sensitivity to arouse the reader's imagination. He appropriated and combined the experiments and innovations of his predecessors. What sources of inspiration and borrowings did he draw from Alemán, Cervantes, Lope de Vega, Quevedo, Saavedra Fajardo, Salas Barbadillo, Pérez de Montalbán, Castillo Solórzano, Vélez de Guevara, Zabaleta, Gracián and Calderón? What else did he borrow from popular and literary satire, from religious writings, from devout preaching, from sacred iconography, from literature of emblems and from accounts of events? Attentive to the debates that agitated the society of his time, Santos filled his fiction works with devotions in vogue - cults of saints, angels, souls in purgatory -; he spontaneously contributed to the exaltation of the "pietas austriaca" - especially the Immaculate Conception, the Holy Eucharist and the Holy Cross -; he multiplied in his texts the appeals to charity and moral order, the reflections on the cost of living, on the attempts at reform made by the Monarchy. Poor, he showed poverty with dignity.Santos enjoyed considerable commercial success during his lifetime and into the 19th century, both in Spain and abroad. He inspired Lesage, Torres Villarroel and Lizardi. Since the twentieth century, he has been of interest to various bibliographers and literary specialists, who see his production as an early expression of costumbrism or as an epiphenomenon of the picaresque. In this regard, fragmentary studies and occasional critical editions have been published. In 2017, García Santo-Tomás pointed out the absence of a global and in-depth work on Francisco Santos and his work. The present thesis remedies this, shedding new and comprehensive light on the social, editorial, political, economic and religious issues that a humble Spaniard faced in building a career as a professional writer in the last third of the 17th century. This study thus contributes to refining knowledge about Spanish society, narrative prose fiction, its materiality, and the historiography of Spain.

  • Directeur(s) de thèse : Guillemont, Michèle - Fasquel, Samuel
  • Président de jury : Greiner, Frank
  • Membre(s) de jury : Marguet, Christine - González Ramírez, David
  • Rapporteur(s) : Cayuela, Anne - Crémoux, Françoise
  • Laboratoire : Centre d'études en civilisations, langues et littératures étrangères (Villeneuve-d'Ascq, Nord)
  • École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Villeneuve d'Ascq, Nord)

AUTEUR

  • Tourneur, Alain
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