Analyse et mesure de la pénibilité au travail en France
Analysis and measurement of hardship at work in France
- Qualité de l'emploi
- Pénibilité du travail
- Conditions de travail
- Hygiène du travail
- Indicateurs de santé
- Milieu de travail
- Risques psychosociaux
- Hardship at work
- Job quality
- Labor Conditions Survey
- Job hardness indicators
- Health-Job
- Langue : Français
- Discipline : Sciences économiques
- Identifiant : 2021LILUA006
- Type de thèse : Doctorat
- Date de soutenance : 29/01/2021
Résumé en langue originale
L’intérêt suscité par la problématique de la pénibilité au travail s’est renforcé depuis les récents débats autour des réformes des retraites. Ceux-ci ont contribué à la formulation d’une définition légale de la notion de pénibilité au travail en novembre 2010. C’est conformément à cette définition que le Compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) est entré en vigueur en janvier 2015. Toutefois, la restriction du C3P aux contraintes liées aux efforts et postures pénibles, à un environnement de travail inadéquat physiquement et à l’intensité du rythme de travail limitaient les implications de cette réforme. Or les ordonnances de septembre 2017 instaurant le Compte professionnel de prévention (C2P) en remplacement du C3P ont rétréci encore le nombre de critères de pénibilité pris en compte.Compte tenu des effets délétères de la pénibilité sur la santé des travailleurs, l’un des objectifs de cette thèse est de proposer une vision élargie de la pénibilité au travail. Ainsi, après avoir illustré comment les « conventions de pénibilité » évoluent historiquement et s’inscrivent comme des éléments majeurs du rapport salarial propre à chaque mode de régulation, nous identifions les contraintes du travail fortement associées à un état de santé dégradé des salariés en exploitant les données des enquêtes Conditions de travail (DARES).Nous construisons une batterie d’indicateurs synthétiques de pénibilité au travail grâce auxquels nous effectuons une cartographie de l’exposition à la pénibilité sur le marché du travail français. Il en ressort notamment que certains groupes sociaux, comme les travailleurs peu diplômés, présentent d’importants cumuls de pénibilités. Nous soulignons également que les différentes formes de pénibilité sont réparties de manière nettement hétérogènes selon les caractéristiques individuelles (sexe, âge, catégorie sociale, …). A partir de ces indicateurs de pénibilité nous montrons également que les familles professionnelles présentent des profils bien spécifiques. Plus précisément, parmi les catégories socioprofessionnelles d’employés et ouvriers, nous distinguons cinq classes de familles professionnelles différemment affectées par la pénibilité au travail.De plus, nous mobilisons ces indicateurs de pénibilité pour rechercher l’existence d’éventuels mécanismes compensatoires grâce à des équations salariales standards puis en recourant à des régressions quantiles. Il en ressort que pour la quasi-totalité des salariés, les rythmes de travail intenses font bénéficier d’une compensation salariale quel que soit le quantile du revenu mensuel ou horaire considéré. Pour les autres formes de pénibilité, quelques-unes seulement sont associées à une compensation salariale pour les bas niveaux de revenu. C’est notamment le cas pour les salariés percevant de faibles rémunérations mensuelles jusqu’au dixième centile en ce qui concerne leur exposition à un environnement de travail physiquement agressif et à l’occupation de postes marqués par une absence de fierté au travail. En revanche, l’exposition aux fortes exigences émotionnelles et au manque de soutien de l'organisation ne semble pas être compensée aussi bien en salaire mensuel qu’horaire.Au-delà des constats généraux observés sur l’ensemble des salariés, nous cherchons dans le chapitre 4 à souligner les principales spécificités affectant chaque classe professionnelle précédemment identifiée.Enfin nous terminons cette thèse par une analyse du rôle du statut de l’employeur, en nous focalisant notamment sur les spécificités du secteur associatif. A cette occasion nous ajoutons d’autres dimensions liées à la qualité de l’emploi.
Résumé traduit
Concerns about arduous work have increased since the recent debates around pension reforms. These led the legislators to give a legal definition to the notion of arduousness at work in November 2010. In accordance with this definition, the Personal account for arduousness prevention (C3P) entered into force in January 2015. However, the C3P was restricted to the sole constraints linked to physical efforts and painful postures, inadequate work environment and intensity of the work, which largely limited the implications of this reform. Nevertheless, in September 2017, the presidential ordinances establishing the Professional Prevention Account (C2P) to replace the C3P, further reduced the number of hardship criteria considered.Given the disastrous effects of arduousness on workers’ health, one of the objectives of this thesis is to offer a broader view of arduousness at work. Thus, after having illustrated how the “hardship conventions” evolve historically and appear as major elements of the wage relation specific to each regulation mode, we identify work constraints which are strongly associated with poor employee health by using data from working conditions surveys (DARES).We have built a battery of synthetic indicators of hardship at work, thanks to which we map exposure to hardship on the French labor market. Among the results obtained, it emerges that certain social groups, such as low-educated workers, endure significant accumulations of hardship. We also underline that the different forms of arduousness are distributed in a markedly heterogeneous manner according to individual characteristics (sex, age, social category, etc.). From these hardship indicators we also show that professional families have extremely specific profiles. More precisely, among the socio-professional categories of low skilled workers, we distinguish five classes of professional families differently affected by hardship at work.In addition, we use these hardship indicators to search for possible compensatory mechanisms using standard salary equations and then using quantile regressions. It emerges that for almost all employees, intense work rhythms result in wage compensation regardless of the quantile of monthly or hourly income considered. For other types of hardship, our research shows that only a few are associated with wage compensation for employees with low levels of income. This is particularly the case for employees with low monthly wages up to the tenth percentile who display compensation in relation to their exposure to a physically aggressive work environment and occupying positions marked by a lack of pride at work. In contrast, exposure to high emotional demands and lack of support from the organization does not seem to be compensated by either monthly or hourly salary.Beyond the general findings based on all employees, in Chapter 4 we seek to highlight the main specificities affecting each professional class previously identified.Finally, we close this thesis with an analysis of the role of the employer's status, focusing on the specificities of the voluntary sector. On this occasion, we add other dimensions to measure the employment quality.
- Directeur(s) de thèse : Devetter, François-Xavier
- Président de jury : Larquier, Guillemette de
- Membre(s) de jury : Devetter, François-Xavier - Larquier, Guillemette de - Tremblay, Diane-Gabrielle - Bailly, Franck - Puissant, Emmanuelle
- Rapporteur(s) : Tremblay, Diane-Gabrielle - Bailly, Franck
- Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé) - Centre Lillois d’Études et de Recherches Sociologiques et Économiques - UMR 8019 / CLERSÉ
- École doctorale : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....)
AUTEUR
- Abasabanye, Placide