Titre original :

Comment cohabiter avec les non-humains en milieu anthropisé ? : Cas du Castor d’Europe (Castor fiber) sur le bassin versant de la Moselle (France)

Titre traduit :

How to coexist with non-humans in an anthropogenized land ? : Case of the European Beaver (Castor fiber) in the Moselle watershed (France)

Mots-clés en français :
  • Conflit homme-animaux sauvages
  • Dommages causés par les animaux

  • Écologie humaine
  • Sociologie de l'environnement
  • Nature -- Effets de l'homme
  • Castor d'Europe
  • Animaux protégés
  • Gestion de l'environnement
  • Langue : Français
  • Discipline : Biologie de l'environnement, des organismes, des populations, écologie
  • Identifiant : 2020LILUR029
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 30/09/2020

Résumé en langue originale

Le retour de la faune sauvage en Europe, se heurte à la question du partage d’un espace modelé par et pour les activités humaines. Cette thèse tente de définir les conditions de la cohabitation entre humains et animaux sauvages dans le cas d’un méso-herbivore protégé et réintroduit dans la majorité des pays européens : le Castor d’Europe (Castor fiber). Cette espèce, appréciée du grand public, a la capacité de modifier profondément son milieu de vie et d’affecter significativement les activités humaines. Outre le modèle d’analyse étudié, l’originalité de cette thèse tient dans l’articulation entre enquêtes qualitatives et traitement quantitatif. Notre démarche vise à identifier les facteurs déterminant la réussite d’une cohabitation entre les humains et les animaux à partir d’une démarche inductive menée dans la partie française du bassin versant de la Moselle, où le castor a été réintroduit en 1983. Ainsi, des enquêtes par entretiens semi-directifs et par questionnaire nous éclairent sur les variables permettant de décrire et d’analyser les contextes dans lesquels se déroule la cohabitation humains-castors : conditions d’interaction, mise en place de pratiques humaines néfastes pour le castor, et efficacité de la gestion actuelle des conflits Humains-Castors sur ce territoire. Cette recherche souligne le caractère évolutif, dans le temps et l’espace, de la cohabitation humain-castor. Celle-ci est notamment influencée par la dynamique de la population de castors et sa stratégie de colonisation des milieux. Après la réintroduction, les castors colonisent dans un premier temps les milieux situés sur le cours d’eau principal et les habitats de bonne qualité (niveau d’eau relativement stable et élevé, et une abondance de Salicacées). Dans un second temps, les individus s’installent sur les petits cours d’eau non canalisés qu’ils aménagent, affectant alors les activités humaines et favorisant l’apparition de conflits. Nous démontrons via des SEM (Structural Equation Modeling) que la tolérance des acteurs à l’égard du castor est une variable explicative importante des pratiques humaines dirigées vers le Castor. Il est possible d’établir la probabilité d’un passage à l’acte d’un acteur, et la nature négative de ces actions. En revanche, le modèle ne permet pas la prédiction des actions illégales.La gestion du Castor d’Europe sur le bassin versant de la Moselle mobilise une grande diversité d’acteurs, en raison de la diversité des habitats colonisés par le Castor, des impacts de ses activités sur les écosystèmes et sur les activités anthropiques, et de la réglementation stricte dont bénéficie cette espèce. Le réseau des acteurs impliqués dans cohabitation humains-Castor n’est pas structuré autour de sous-groupes cohésifs, habituellement révélateurs de conflits importants qui opposent des groupes aux opinions et aux intérêts divergents. Néanmoins, certains acteurs occupent une place centrale au sein de ce réseau par ailleurs territorialisé à l’échelle départementale. Ces acteurs jouent le rôle de traducteurs des enjeux de conservation dans les sociétés humaines locales. L’accompagnement technique et financier des acteurs pour limiter les nuisances, sensibiliser et provoquer des expériences positives via l’observation de l’animal sont des pistes à favoriser pour permettre une cohabitation réussie sur les territoires européens très anthropisés.

Résumé traduit

The return of wildlife in Europe, comes up against the question of "sharing" a space shaped by and for human activities. This thesis attempts to define the condition under which human and wildlife coexist, in the case of a protected meso-herbivore reintroduced in most European countries: European beaver (Castor fiber). This species, which is mostly appreciated by the public, has the ability to strongly modify the environment and to affect human activities. The originality of this thesis lies in its biological model and in its approach combining qualitative interviews and quantitative surveys. Our approach aims to identify the factors determining the success of coexistence between humans and animals, on the basis of an inductive approach carried out in the French part of the Moselle catchment area, where beavers were released in 1983. We described and analyzed the context in which Human-beaver coexistence takes place, through semi-directive interviews and one survey, highlighting the importance of several variables relevant to the conditions of human-beaver interaction, negative human practices and to the efficacy of the actual conflict management on the territory. This research underlines the evolutionary nature, in time and space, of human-beaver coexistence. This coexistence is particularly influenced by the dynamics of the beaver population and by the beaver colonization strategy. In the first few years following their reintroduction, beavers colonized the main waterways and good quality habitats (relatively stable and with a high water level, as well as abundant Salicaceae). Then, individuals settled on small non-canalized streams, where the beaver's management of these environments affects human activities and therefore encourages the emergence of conflicts. We demonstrate through SEM (Structural Equation Modeling) that the actors' tolerance to beavers is an important explanatory variable of the human practices carried out towards the beaver. Human practices towards beaver, and the negative nature of those practices, are predictable, while the prediction of illegal actions is unreliable. The management of the European Beaver in the catchment basin mobilizes a wide range of stakeholders, because of the diversity of habitats colonized by beavers, the impacts of its activities on ecosystems and human activities, and the strict regulations from which this species benefits. Stakeholders in the network do not form cohesive sub-groups, which usually reveal significant conflicts among groups of actors with divergent opinions and interests. The network of stakeholders is territorialized at the departmental level, around the actors in charge of managing the Beaver’s management. Stakeholders occupying a central place within this network could play the role of translators of conservation issues in local human societies. To encourage a successful coexistence in highly human-modified European environments, we recommend the implementation of technical and financial support for individuals subjected to damage, and of awareness-raising actions targeting the persons involved before damage occurs. Besides, it is important to provoke positive experiences by observing beavers in order to favour the tolerance and acceptance of beavers.

  • Directeur(s) de thèse : Leprêtre, Alain - Hautekeete, Nina-Coralie - Raymond, Richard - Piquot, Yves
  • Laboratoire : Evolution, Ecologie et Paléontologie (Evo-Eco-Paléo)
  • École doctorale : École doctorale Sciences de la matière, du rayonnement et de l'environnement (Villeneuve d'Ascq, Nord)

AUTEUR

  • Felter, Bénédicte
Droits d'auteur : Ce document est protégé en vertu du Code de la Propriété Intellectuelle.
Accès libre