Servir l'État : Claude Guillaume LAMBERT (1726-1794) ou la vertu en politique
Serving the State : Claude Guillaume Lambert (1726-1794) or virtue in politics
- Lambert
- Vertu
- Finances
- Biographie
- Magistrature
- Administration
- Lambert, Claude Guillaume (1726-1794)
- Finances publiques -- France -- Ancien Régime
- Lambert
- Virtue
- Finances
- Biography
- Judiciary
- Administration
- Langue : Français
- Discipline : Histoire
- Identifiant : 2020LILUH032
- Type de thèse : Doctorat
- Date de soutenance : 09/12/2020
Résumé en langue originale
Juriste de formation, Claude-Guillaume II Lambert (1726-1794) entre au parlement de Paris en 1748. De culture parlementaire et « jansénisante », il prend vite la tête d’un groupe d’opposition à l’absolutisme. Partisan d’un pouvoir royal tempéré par les Parlements, il tend vers le constitutionnalisme, sans toutefois le formuler directement. Principal rédacteur des Grandes remontrances de 1753 et d’un arrêt du Parlement en 1756, deux textes très critiques aux conséquences politiques importantes, il est exilé à deux reprises. Chef de file des « patriotes », il est alors un magistrat engagé. Collaborateur de Bertin, assez proche de Choiseul puis de L’Averdy, le parlementaire est animé par le modèle du « magistrat idéal » prôné par d’Aguesseau. Il parvient à maintenir l’équilibre entre le service de l’État et celui du Parlement. Double adhésion qui peut sembler paradoxale mais qui correspond en définitive à son attachement viscéral au droit plutôt qu’au système politique en lui-même. Nommé maître des requêtes puis conseiller d’État, Lambert sert la monarchie et s’introduit, sous Louis XVI, dans de nombreuses commissions administratives. Ses activités sont riches d’apprentissages sur ce que nous appelons de nos jours les « finances publiques ». Après sa participation à l’Assemblée des notables de 1787, il est nommé contrôleur général des finances une première fois en août 1787. Il travaille alors sous l’administration directe de Loménie de Brienne dont il suit la chute en août 1788. Après la prise de la Bastille et le départ précipité de tous les ministres, il accepte de revenir à ce même poste une seconde fois, en juillet 1789, sous la houlette de Necker. Las et impuissant face à la crise fiscale, il démissionne en novembre 1790.Parlementaire puis spécialiste des « finances publiques », le parcours de Lambert vient interroger le lien entre politique et finances. Il permet de comprendre comment fonctionne l’architecture administrative à la fin de l’Ancien Régime ainsi que les tentatives de réformes souhaitées par le pouvoir. L’approche diachronique des sources nous présente Lambert comme l’archétype du gestionnaire de biens, publics comme privés. Personnage aux ambiguïtés certaines, il appartient à une élite ordinaire, soucieuse du bien commun et de l’intérêt général, dont le moteur est la vertu politique. Très présente dans la pensée du XVIIIème siècle, la notion trouve son accomplissement dans le service désintéressé du peuple. Lambert rêve à ce passé évanoui et chimérique du monarque régnant avec l’appui de la curia regis dont son groupe social estime faire partie. Il est alors prêt à en être le héraut et faire preuve d’un profond dévouement à la cause publique qu’il défend. Mais la vertu telle que la conçoit Lambert mêle intimement religieux et politique, morale janséniste et ordre social. L’attachement à un idéal de vertu – vertu domestique, vertu civique et vertu politique – définit l’existence de ce serviteur ordinaire de l’État. C’est cette conception qui entre en concurrence avec la Révolution. Parvenu à Lyon en 1793, il est dénoncé au tribunal révolutionnaire. Emprisonné puis jugé, il est acquitté. Il se retire à Cahors mais il est de nouveau dénoncé. Ramené à Paris, il est jugé sommairement puis guillotiné le 27 juin 1794.
Résumé traduit
Lawyer by training, Claude-Guillaume II Lambert (1726-1794) got into Parlement of Paris in 1748. Having a parliamentary and “jansenistic” background, he quickly took the lead of an opposition group against absolutism. In favour of a royal power tempered by parliaments, he leant towards constitutionalism, although he never directly phrased it. As he was the main author of the great remonstrances in 1753 and of a parliament decision in 1756 - two highly critical texts which had important political consequences - he was exiled twice. He was at the time the leader of the “Patriotes” and a committed magistrate. He worked together with Bertin, was rather close to Choiseul then to L’Averdy and, as a parliamentarian, was striving to become the “ideal magistrate” as advocated by d’Aguesseau. He managed to maintain a good balance between serving the State and serving the Parlement. This double allegiance might sound paradoxical but really illustrates his visceral attachment to Law rather than to the political system itself. Later appointed Master of Requests and then State Councillor, Lambert served the monarchy and entered many administrative commissions under Louis XVI. His activities teach us a lot about what is called today “public finances”. After he took part in the Assembly of the dignitaries in 1787, he was appointed Controller-General of finances for the first time in August 1788. That was when he worked under Loménie de Brienne’s direct administration, before witnessing the latter’s downfall in August 1788. After the storming of the Bastille and the hasty leave of every minister, he accepted to take this position a second time in July 1789, under Necker’s stewardship. Weary and powerless in addressing the fiscal crisis, he resigned in 1790.Lambert was a parliamentarian and a specialist of “public finances”, that’s why his career questions the connection between politics and finance. It thus gives a better understanding of the architecture of administrative operations, as well as of the attempts at reform wished by the government by the end of the Ancien Régime. A diachronic approach of the sources reveals Lambert as the archetypal administrator of public and private assets. He was a truly ambiguous character and belonged to this ordinary elite who cared for the common and greater good and was driven by political righteousness. This concept was very much part of 18th century people’s minds and it found its achievement in altruistic service to the people. Lambert dreamt of a vanished and chimeric past when a monarch reigned with the support of the curia regis, of which his social class considered they were part. He was then ready to be their herald and to deeply commit himself to the public cause he defended. However, virtue as perceived by Lambert commingled religion and politics, Jansenism morals and social order. His commitment to an ideal of righteousness – domestic, civil and political righteousness – was central to the life and career of this ordinary servant of the state. This perception conflicted with the Revolution. Once he arrived in Lyon in 1793, he was denounced to the revolutionary court. He was imprisoned, tried and eventually cleared. He then withdrew to Cahors but was denounced again. He was therefore taken back to Paris where he went through a summary trial and was guillotined on June 27th, 1794.
- Directeur(s) de thèse : Legay, Marie-Laure
- Président de jury : Leuwers, Hervé
- Membre(s) de jury : Legay, Marie-Laure - Leuwers, Hervé - Alimento, Antonella - Storez-Brancourt, Isabelle - Swann, Julian
- Rapporteur(s) : Alimento, Antonella - Storez-Brancourt, Isabelle
- Laboratoire : Institut de recherches historiques du Septentrion (Villeneuve d'Ascq, Nord)
- École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
AUTEUR
- Guffroy, Vincent