Titre original :

Socio-anthropologie des élites au pouvoir en Guinée-Bissau de l’ère coloniale au système néo-patrimonial : l’impossible "classe dirigeante" ?

Titre traduit :

Socio-anthropology of governing elite in Guinea-Bissau, from the colonial era to the neo-patrimonial system : the impossible “ruling class” ?

Mots-clés en français :
  • Socio-anthropologie

  • Anthropologie politique
  • Élite (sciences sociales)
  • Pouvoir (sciences sociales)
  • Colonisation
  • Décolonisation
  • Mouvements de libération nationale
  • Démocratisation
  • Langue : Français
  • Discipline : Ethnologie
  • Identifiant : 2020LILUA013
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 12/10/2020

Résumé en langue originale

Reposant sur une année passée à Bissau, la capitale et au sein de deux villages de la région de Tombali, sur des entretiens et sur l’analyse de toute la documentation disponible dont des archives, cette thèse interroge le lien entre la stabilité d’une société et la présence à sa tête d’agents sociaux conscients d’appartenir à la même « classe » et défendant des intérêts communs. Pour ce faire, la thèse retrace la constitution et l’histoire des détenteurs du pouvoir en Guinée-Bissau de l’ère coloniale (à l’époque la plus récente). L’arrivée des explorateurs et marchands portugais sur la côte de Guinée entraîne la transformation des institutions anciennes et des constructions socio-politiques en place. Ces mutations sociales violentes et profondes accompagnent l’épanouissement d’une bourgeoisie marchande et d’un corps de fonctionnaires luso-africains. Certains d’entre eux se montrent critiques à l’égard de l’ordre social colonial. À la tête du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), ces derniers développent une « contre société » dans des zones libérées et gagnent l’adhésion du peuple. Après une longue guerre de libération, les dirigeants du PAIGC prennent la direction de l’État. Ne parvenant pas à défendre l’unité et à incarner la « nation », ils se déchirent et se décrédibilisent. Au début des années 1990, ils amorcent un processus de libéralisation politique du pays mettant fin à la « monocratie ». Si la mise en place d’un système multipartite ne garantit pas la démocratie, elle s’inscrit bien dans la volonté des dirigeants d’inscrire le pays dans un processus de modernisation. Cependant, très vite, les dirigeants renouent avec des règles de fonctionnement et des valeurs traditionnelles. La formalisation du contrôle du pouvoir politique, notamment sur l’armée, est mise à l’épreuve du temps et des alternances politiques. Les coups d’État s’enchaînent et consacrent à chaque fois des personnalités omnipotentes. La « révolution politique » annoncée ne parvient pas à faire sortir le pays de la crise qui semble même s’enliser. Cette thèse révèle donc que la nature du régime importe peu puisque seule l’existence d’une « classe dirigeante » capable d’organiser sa propre reproduction garantit le bon fonctionnement d’un pays.

Résumé traduit

Based on a year spent in Bissau, the capital city and in two villages of Tombali region, on interviews and analyses of all the available documentation including archives, this thesis examines the link between the stability of a society and the presence at its top of social agents being conscious to belong to the same “class” and defending common interests. In order to do this, the thesis recounts the constitution and history of the power bearers in Guinea-Bissau from the colonial era (to the most contemporary era). The arrival of the Portuguese explorers and merchants on the coast of Guinea leads to the transformation of the ancient institutions and existing sociopolitical constructs. These violent and radical social mutations go along with the emergence of a merchant bourgeoisie and a Luso-African body of civil servants. Some of them appear to be critical of the social colonial order. At the head of the African Party for the Independence of Guinea and Cape Verde (PAIGC), the latter develops a “counter society” in the liberated zones and wins the support of the people. After a long liberation war, the PAIGC’s leaders take the direction of the state. Unable to defend the unity and incarnate the “nation”, they tear each other apart and lose their credibility. At the beginning of the 1990’s, they initiate a process of political liberalization of the country, putting an end to “monocracy”. If the establishment of a multiparty system does not guaranty democracy, the leaders have an utter will for the country to enter into a modernization process. However, very soon, the leaders return to traditional operating rules and values. The formalization of political power control, notably for the army, can not stand the test of time and political changeovers. The coups d’état come one after another and each time give power to omnipotent personalities. The promised “political revolution” does not succeed in ending the crisis of the country, which seems even being bogged down. So, this thesis shows that the nature of the political regime does not matter, since only the existence of a “ruling class” able to organize its own reproduction can guaranty the smooth functioning of a country.

  • Directeur(s) de thèse : Gaillard, Gérald
  • Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé)
  • École doctorale : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Villeneuve d'Ascq)

AUTEUR

  • Méchouèk, Ferhat
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