Titre original :

Genèse et structure du marché de l’art brut

Titre traduit :

Social construction and structure of art brut market

Mots-clés en français :
  • Construction sociale des marchés

  • Art -- Commerce
  • Art brut
  • Vente aux enchères
  • Galeries d'art
  • Sociologie de l'art
  • Sociologie économique
  • Institutionnalisme
  • Langue : Français
  • Discipline : Sciences économiques
  • Identifiant : 2020LILUA001
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 14/01/2020

Résumé en langue originale

L’art brut est une catégorie d’œuvres d’art aujourd’hui installée dans le paysage artistique. Les œuvres sont exposées dans des musées, elles s’échangent en galeries et en ventes aux enchères, de nombreuses publications leur sont consacrées, elles suscitent l’admiration de certains spectateurs et l’intérêt de collectionneurs. Pourtant, pendant longtemps, les objets réunis sous cette catégorie n’étaient pas considérés comme de l’art et la catégorie « art brut » n’existait pas. Par conséquent, aucun marché ne lui était dédié, aucune galerie ne commercialisait d’art brut et aucun musée n’exposait ou n’était consacré à ces œuvres. Partant de ce constat, la thèse porte sur un double objet : elle étudie la formation progressive d’un marché consacré à cette catégorie d’œuvres d’art, d’une part, et s’intéresse à la structure de ce marché, d’autre part. Pour reconstruire les conditions d’émergence de l’art brut et le processus de construction de la catégorie (définition, formation de la première collection, promotion des œuvres et de la catégorie dans l’espace artistique), la thèse propose d’abord une histoire de « seconde main » fondée sur des travaux d’économie institutionnaliste, de sociologie, d’histoire de l’art et d’histoire sociale de l’art. L’analyse de la construction du marché et de sa structure articule ces travaux à une enquête de terrain déclinée en deux volets. Le premier volet est constitué d’entretiens et d’observations : 40 entretiens semi-directifs ont été réalisés avec des acteurs du marché ou, plus largement, de l’espace social qui s’est construit autour de l’art brut (galeristes, conservateurs ou conservatrices, artistes, collectionneurs, directrice de foire). Des observations lors de foires, de ventes aux enchères, de vernissages et d’expositions sont également venues appuyer notre travail. Le deuxième volet de notre enquête repose sur la construction et l’exploitation statistique d’une base de données recensant les résultats en ventes aux enchères d’oeuvres catégorisées « art brut » entre 1985 et 2016. Notre travail montre que le marché de l’art brut se forme véritablement dans les années 1980 et 1990, à mesure que les relations de concurrence et d’échange nouées autour de la catégorie se stabilisent parce qu’elles s’insèrent dans des institutions qui les rendent pérennes. L’analyse des ventes aux enchères met en évidence que le marché de l’art brut se développe dans les décennies suivantes, et devient un segment dominé du marché de l’art au sens où il est de taille restreinte et que les œuvres d’art brut les plus valorisées s’échangent à des prix très inférieurs aux œuvres les plus valorisées sur le marché de l’art. Le marché secondaire de l’art brut est par ailleurs structuré d’une manière identique au marché de l’art. Ces marchés partagent en effet une structure des prix similaire, une même domination des artistes masculins et des phénomènes identiques de concentration du marché sur quelques artistes et en quelques lieux. La thèse montre enfin qu’un espace des galeries commercialisant de l’art brut s’est construit en France. Cet espace est appréhendé avec le concept de « champ », ce qui nous permet de montrer qu’il est structuré par une double opposition : la première entre les « petites » et les « grandes » galeries, la deuxième entre les galeries principalement insérées sur le marché de l’art brut et les galeries qui s’insèrent davantage sur d’autres segments du marché de l’art, en particulier celui de l’art contemporain.

Résumé traduit

Nowadays, art brut is an artwork category that is set up in the artistic landscape. It is exhibited in museums, exchanged in galleries and auctions, interpreted in many publications, it is also the object of admiration by spectators and collectors. Yet, for a long time, objects in this category were not considered as art and the category "art brut" did not exist. Therefore, there was no market was dedicated to it, no gallery showed art brut and no museum exhibited or was devoted to these works. Starting with this observation, the thesis deals with a twofold object: it studies, on one hand, the gradual emergence of a market dedicated to this category of works; and it is concerned, on the other hand, with the contemporary structure of this market. To reconstruct the conditions of possibility of the appearance of art brut and the process of construction of that category, we relied on the literature in economy, sociology, art history and social history of art. The analysis of the market’s construction and its structure is based on a field research divided into two parts. The first part consists of interviews: 40 semi-structured interviews were conducted with market players or, more broadly, members of the social space that was built around art brut (gallery owners, curators, artists, collectors, art fair director). The second part of our inquiry is based on the construction and statistical exploitation of a database of auction results for works categorised as "art brut" between 1985 and 2016. Our work shows that the art market is really forming in the 1980’s and 1990’s, as the competition and exchange relations around the category stabilise. This is made possible by the embedding of these relations in a set of institutions. The auction analysis highlights that the market for art brut is growing in the following decades, becoming a dominated segment of the art market. It is dominated because of its small size and because the most valued works of art brut are traded at prices much lower than the most valued works on the art market. In addition, the secondary market for art brut is structured in the same way as the art market. Indeed, these markets share a similar price structure, the same domination of male artists and identical phenomena of concentration of the market on some artists and in some places. The thesis shows finally that there is a “field” of galleries selling art brut in France. This field is structured by a double opposition: the first between the “big” galleries and the “small” galleries, the second between the galleries mainly inserted on the art brut market and the galleries which are more tied to other segments of the art market, especially that of contemporary art.

  • Directeur(s) de thèse : Jany-Catrice, Florence
  • Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé)
  • École doctorale : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Villeneuve d'Ascq)

AUTEUR

  • Verley, Timothée
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