Avatāra de l’Inde dans l’œuvre d'Octavio Paz. Poésie et poétique
Avatāra of India in Octavio Paz's work. Poetry and poetic
- Octavio Paz (1914-1998)
- Poésie mexicaine du XXe siècle
- Inde
- Orient dans la littérature
- Écriture de l'Ailleurs
- Paz, Octavio (1914-1998)
- Poésie mexicaine
- Octavio Paz (1914-1998)
- Mexican poetry of XXth century
- India
- East in literature
- Writing the elsewhere
- Langue : Français
- Discipline : Langues et littérature romanes
- Identifiant : 2019LILUH028
- Type de thèse : Doctorat
- Date de soutenance : 22/10/2019
Résumé en langue originale
Les séjours du poète et essayiste mexicain Octavio Paz (1914-1918) en Inde, d’abord en 1951-1952, puis en tant qu’ambassadeur entre 1962 et 1968, ont eu un impact considérable sur sa production littéraire, donnant aussi la mesure de cette expérience dans sa vie. De ce dialogue des Indes occidentales et orientales naîtront « Mutra » [1952], Ladera este [1962-1968], « Blanco » [1966] ou encore El mono gramático [1970]. Désignée par l’auteur pour rendre compte de sa compréhension empirique et sensible de l’Inde, la poésie apparaît comme le matériau privilégié pour interroger l’empreinte réciproque laissée en ce point de contact et pour mesurer selon quelles modalités s’incarne dans le texte le croisement des cultures. La rencontre d’un Orient indien et d’un Occident latino-américain reconfigure les dichotomies ordinaires, d’où émerge une autre image de l’altérité. Cette transformation prend forme dans le remaniement de concepts et d’images appartenant à un imaginaire mythologique, philosophique ou religieux de l’Inde autant qu’à une réalité concrète inscrite dans des visages, des pratiques ou des paysages. L’apport de l’indianisme, encore sous- exploité par la critique, nous a été d’un grand secours. L’univers poétique pazien prend en effet les traits cosmogoniques d’un saṃsāra revisité, dont le poète, le lecteur et l’homme doivent faire l’expérience. Empruntant aux mythes de création d’Inde et d’Occident, le poème dit des commencements où se joue la tension originelle et actuelle entre mondes phénoménaux et forces célestes. Pour traverser l’existence, tel un avatāra, et faire l’épreuve de la chair du monde, le corps, outil de connaissance divinisé, fait accéder à la révélation, grâce au principe féminin glorifié. À travers les codes du tantrisme, il rend compte d’une vitalité première, sacrée, inhérente à l’homme, aux manifestations totales de la création et au langage-démiurge. Le pouvoir de création se love dans l’écart entre un désir d’expansion et une tentation de l’Un, en lutte avec la question du multiple. Les différents processus en jeu dans la matière poétique se prolongent dans l’exubérance d’une natura naturans ou dans le mécanisme du poème conceptuel. Ils donnent à voir dans l’Inde une autre Babel, où se joue dans la langue le destin du monde. Le poème, dans sa dimension rituelle, rejoue inlassablement le sacrifice primordial par lequel les mondes se composent et se décomposent, et répartit l’élan vital. La poésie d’Octavio Paz dessine ainsi les contours d’une Inde-monde en laquelle se dévoile le réel — la multiplicité et l’hybridité de l’ensemble de la création.
Résumé traduit
Octavio Paz (1914-1998), the Mexican poet and essayist resided in India first between 1951 and 1952 and then between 1962 and 1968 as an ambassador for his country. These stays significantly influenced his literary work as well as his personal life. The dialogue between Western and Eastern Indies gave birth to «Mutra» [1952], Ladera este [1962-1968], «Blanco» [1966] and also El mono gramático [1970]. Appointed by the author to account for his empirical and sensitive understanding of India, his poetry appears to be the favoured material to question the mutual mark left on that contact point and estimate under what forms the crossing of cultures is mirrored in the writing. We postulate that the meeting between an Indian East and a Latin–American West reshapes commonplace dichotomies from which another image of Otherness arises. That change takes shape by redrafting notions and images belonging to a mythological, philosophical or religious Indian imagery as well as to an actual reality seen among faces, rituals or sceneries. Indianism under-utilised hitherto has here provided great assistance. It indeed seems that the poetic world shows the cosmogonical appearance of a revisited saṃsāra that the poet, the reader and men have to experience. By borrowing from Indian and occidental creation myths, the poem refers to origins when initial and present tension between phenomenal worlds and celestial forces are at stake. To go through life, as an avatāra, and fully experience the flesh of the world, the body, as a divine tool of knowledge allows access to revelation, by means of the glorified feminine principle. It accounts, through the codes of tantrism of a sacred primal vitality, inherent to Man with total displays of the creation and demiurge-language. For indeed the power of creation curls up in the gap between the desire of expansion and a temptation of the One fighting with the question of the Mutiple. The different processes at stake within the poetic matter extend in the exuberance of a natura naturans or in the mechanism of conceptual poetry. They eventually allow to see India as another Babel where the destiny of the world is being played in the language. Poetry in its ritual dimension then endlessly replays the primal sacrifice through which the worlds compose and decompose themselves and distribute the vital impulse. Octavio Paz poetry thus draws the outline of a India-World within which is unveiled the real —the multiplicity and the hybridity of the whole creation.
- Directeur(s) de thèse : Giraud, Paul-Henri
- Président de jury : Ramos-Izquierdo, Eduardo
- Membre(s) de jury : Giraud, Paul-Henri - Ramos-Izquierdo, Eduardo - Fabry, Geneviève - Galland, Nathalie - Le Blanc, Claudine - Tedeschi, Stefano
- Rapporteur(s) : Ramos-Izquierdo, Eduardo - Fabry, Geneviève
- Laboratoire : Centre d'études en civilisations, langues et littératures étrangères (Villeneuve-d'Ascq, Nord)
- École doctorale : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
AUTEUR
- Dubois, Caroline