Titre original :

Éducation, protection et contrôle de la jeunesse : contribution à une sociologie des professionnel-le-s de la prise en charge socio-judiciaire

Titre traduit :

Education, protection and control of youth : contribution to a sociology of socio-judicial care’s professionals

Mots-clés en français :
  • Ethnicisation

  • Protection de l'enfance
  • Délinquance juvénile -- Prévention
  • Contrôle social
  • Normes sociales
  • Représentations sociales
  • Identité collective
  • Identité de genre
  • Travailleurs sociaux
  • Juges
  • Discrimination en éducation
  • Langue : Français
  • Discipline : Sociologie
  • Identifiant : 2019LILUA009
  • Type de thèse : Doctorat
  • Date de soutenance : 04/07/2019

Résumé en langue originale

"C'est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c'est notre regard aussi qui peut les libérer." Amin Maalouf, Les identités meurtrières, 1998. Ces trois dernières décennies ont vu une juxtaposition de dispositifs censés répondre à la délinquance juvénile. Notre thèse est une réflexion sur le traitement de celle-ci par une partie des acteurs et des actrices de la chaîne de la réaction sociale, sur la conception et la configuration de la justice des mineur-e-s, tant au civil qu’au pénal. Elle se fonde sur la façon dont les professionnel-le-s de l’éducation, notamment, déterminent et président aux choix institutionnels de réponses à cette question éminemment sociale et indubitablement politique. Si, en droit, la loi pénale se dote de spécificités en fonction de l’âge, elle se doit d’être aveugle au sexe, au genre et à l’ethnie. En effet, dans sa conception, en tant qu’institution, mais surtout en tant qu’idéal, la justice vise à dépasser l’arbitraire. Par le biais des institutions chargées de sa matérialité, par les acteurs et actrices de celles-ci, et les actes par lesquels s’opérationnalise le contrôle de la jeunesse, elle n’est, toutefois, étanche ni au système patriarcal, ni au prisme de l’ethnicisation. En dépit de l’expression de volontés manifestes d’égalité, les pratiques et discours des professionnel-le-s rencontré-e-s témoignent d’une mise en œuvre différenciée, selon les représentations véhiculées et portées sur tel ou tel marqueur identitaire, donnant à l’application de ces politiques de protection ou de punition de la jeunesse, un genre ou encore une coloration ethnique qui se superposent, voire s’entremêlent. En s’acquittant de l’apprentissage de la conformité aux mineur-e-s confié-e-s sur décision judiciaire, les professionnel-le-s participent à la perpétuation d’assignations pré déterminées : les mécanismes de (re) production institutionnelle de sous catégories révèlent alors un net écart entre le traitement des garçons et celui des filles. Ils dévoilent, par ailleurs, les tensions soutenues entre injonction à l’individualisation des réponses et difficulté à dépasser la dichotomie féminin/masculin, figeant, en quelque sorte, dans un registre biologique, les grilles d’analyse des comportements des adolescent-e-s. S’il s’agit, pour les un-e-s comme pour les autres, de rectifier les processus d’intériorisation de normes sociales en échec et de former des sujets responsables de leurs actes, le prisme du genre divulgue le laborieux ou plus précisément, l’impossible pari de l’individualisation. Il met ainsi en lumière un contrôle différencié des garçons et des filles qui, pour les premiers, s’élabore à partir de l’acte de délinquance, mais qui, pour les secondes, est davantage guidé par une idée si ce n’est une idéologie de la féminité. Les trajectoires individuelles s’en trouvent impactées : là où les filles voient les leurs possiblement réversibles, les garçons sont, en quelque sorte, « condamnés à la pénalité ». Le genre offre, par ailleurs, en sa qualité de catégorie d’analyse, l’opportunité d’observer une division sexuée des tâches entre hommes et femmes au travail. De surcroit, par le truchement de l’intersectionnalité, la mobilisation du versant ethnique connote les prises en charge. Une modélisation des pratiques des professionnel-le-s se dessine alors, témoignant de la difficulté à accompagner dans les processus de socialisation, la formation de l’individualité et l’émergence d’une conscience apte à faire des choix. Pour rendre possible la relation éducative, quelles sont les pratiques effectives ? Quelles contraintes reposent sur les acteurs et les actrices ? Quelles sont les incidences que cette modélisation induit sur les jeunes ?

Résumé traduit

"It is our gaze that often encloses others in their closest sense of belonging, and it is also our gaze that can liberate them."Amin Maalouf, In the Name of Identity: violence and the need to belong, 1998 It is no exaggeration to say that these last three decades have seen a juxtaposition of measures supposed to respond to juvenile delinquency: this thesis is a reflection on the treatment of this issue by some of social chain’s actors, on the conception and the configuration of juvenile justice, in its civil and penal aspects. It is based on the way in which education professionals, in particular, determine and preside over the institutional choices of response to this eminently social and undoubtedly political issue. If the criminal law has specific features according to age, it is supposed to be blind to sex, gender and ethnicity. Indeed, in its conception as an institution but especially as an ideal, justice aims at overcoming arbitrariness. Through the institutions responsible for its implementation, through their actors or their acts by which youth control is carried out, the law is, however, not impervious to either the patriarchal system or to ethnicity. Even though they show a patent will/wish for equality, the practices and discourses of the actors attest to a differentiated implementation, according to the representations conveyed and carried on this or that identity marker, giving the application of these protection or punishment policies, gender or ethnic hues that can overlap or even be intertwined. As they teach educational standards to minors under legal supervision, the professionals participate in the perpetuation of social representations: the institutional (re) production mechanisms of subcategories indicate a clear difference between the treatment of boys and girls. Moreover, they reveal the tensions sustained between the injunction to individualized answers and the difficulty of going beyond the feminine / masculine dichotomy, which, in a way, fixes in a biological register the grids of analysis of teenagers’ behaviors. Indeed, if for the ones as for the others, it is a matter of correcting the failing processes of internalization of social standards and of training subjects to be responsible for their acts, the prism of gender reveals the laborious even impossible bet of individualization. It thus highlights a differentiated control of boys and girls, which for the former is developed from the act of delinquency but for the latter, is guided more by an idea or an ideology of femininity. Personal paths are consequently affected; when girls see their paths possibly reversible, boys are in a way “condemned to penalty”. It also offers, as a category of analysis, the opportunity to observe a gendered division of tasks between men and women at work. Finally, through intersectionality, the mobilization of the ethnic side connotes support and then draws a model of professional practices that demonstrate the difficulty of accompanying, in socialization processes, the formation of individuality and the emergence of a subject responsible for his or her actions. In order to make the educational relationship possible, what practices are adopted? What are the constraints for the actors? What room for maneuver is there and above all, what effects are induced on young people?

  • Directeur(s) de thèse : Duprez, Dominique
  • Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé)
  • École doctorale : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....)

AUTEUR

  • Houadfi, Saïda
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